dimanche 24 octobre 2010

The Social Network : vingt ans, milliardaire et seul.




Holà, los geekos !

Dur, dur de reprendre un blog en sommeil depuis cinq mois. De retrouver l'envie, l'inspiration, le temps, la solution miracle anti-procrastination, la certitude que ces lignes égocentriques ont un poil d'intérêt autre que la nourriture de mon nombril. Mais la reprise de JPoM me rongeait depuis un bail et les encouragements vraiment chouettes de certains d'entre vous ont fait le reste donc... voilà, c'est reparti. Rien ne me dit que plusieurs mois ne s'écouleront pas avant mon prochain post. Rien ne dit le contraire non plus. On va bien voir, les aminches. Carpe Diem, comme disait un certain poète obsédé.

Pourquoi aujourd'hui ? Peut-être l'envie de me faire un petit cadeau personnel en ce jour horripilant et récent de mes 39 ans (ego, nombril, toussa...). Le besoin de pédaler de nouveau en terres personnelles et fun après plusieurs mois d'écriture formatée pour mon ancienne rédaction.

Mais plus sûrement ça : depuis que je l'ai vu, The Social Network m'obsède et il faut que j'en parle. Au moment où je tape ces lignes, je fais tourner en boucle la B.O. sur Spotify, c'est dire. Attention, je dégaine la psychologie de kermesse pour tenter d'entrevoir une raison à cette OPA fincherienne sur mon coeur innocent. A la moitié de ma vie (en gros hein, en comptant large), j'ai pris deux grosses décisions et me suis embarqué dans une aventure :

- grosse décision 1 : vendre mon appart'
- grosse décision 2 : quitter mon job
- aventure : co-fonder Nowatch.net avec mes camarades et me consacrer un poil plus, à mon modeste niveau de contribution, au développement du site.

Je ne saurais exactement dire pourquoi mais tout, absolument tout dans le film de Fincher m'a parlé, questionné, ébloui, transpercé. Je suis entré en communion avec ce récit, ses dialogues, sa fougue, sa noirceur mélancolique, sa fluidité implacable. Je vois venir les sarcasmes des petits malins, donc je précise : je n'aurai pas l'outrecuidance de dresser le moindre atome d'esquisse de millième de comparaison entre Zuckerberg et la bande de croulants rêveurs et fauchés que nous sommes à Nowatch. Je veux simplement dire... qu'alors que je traverse une période que nous qualifierons de charnière, ce film a fait bing. Comme un Lost in translation, par exemple, pour d'autres raisons. Les 121 minutes de TSN, passées à la vitesse d''une connexion fibre, ont fait vibrer par deux fois une corde encore vibrante ce soir. A chacune des deux projections, je suis ressorti littéralement imprégné du film, de sa lumière et ses émotions dévastatrices, un carrousel de questions existentielles parasitant mes pensées si fréquemment sujettes au doute. Bref.... comme on dirait en amphi de socio, foin de palabres et revenons à l'objet.

Partons d'un principe : la critique suivante porte uniquement sur les qualités cinématographiques de TSN, pas sur sa conformité ou non aux faits. L'authenticité du script de Aaron Sorkin (qui s'est inspiré du livre La revanche d'un solitaire. la véritable histoire du fondateur de Facebook, de Ben Mezrich) est en soi un sujet passionnant, mais pas celui du post de ce soir. Jugeons le film, rien que le film.

Un critique imbécile du Masque et la plume (dont je tairai l'identité par pudeur conne) a conspué le film sous prétexte qu'il parlait d'Internet, selon lui le sujet le plus barbant au monde. Faut-il être à ce point myope et piteusement constipé du bulbe pour passer à côté des thématiques foisonnantes de The Social Network, pur volcan filmique en permanente éruption ? Sorkin et Fincher explorent, certes, les origines de la création de Facebook. Mais The Social Network va plus loin, tellement plus loin. Non seulement les géniaux duettistes nous livrent :

- LE film sur la génération Internet et son addiction au virtuel. Un film sur cette jeunesse 2.0 sans d'autres repères que le virtuel, fascinée par des gourous aux visions inquiétantes ("On a vécu dans des fermes, puis des villes, maintenant tout le monde vivra sur Internet" prophétise au détour d'une scène Sean Parker, fondateur de Napster et associé de Zuckerberg).

- LE film sur ces milliardaires en culottes courtes dépassés par leur ascension, obnubilés par le cool de la performance (ou la performance du cool, ça marche aussi).

- Pour le même prix, vous aurez aussi droit à un film sur une certaine Amérique capitaliste rongée par la compétition, qui célèbre uniquement les premiers. Et enfin, surtout, The Social Network reste une fable aux enjeux profondément humains.


La vertigineuse success story de Mark Zuckerberg nous est ici contée, certes. Mais c'est bien d'un effroyable échec qu'il s'agit. Celui de Mark Zuckerberg dans le monde des émotions. Ce n'est pas un hasard si le fabuleux script de Sorkin débute par une scène de rupture : au terme d'une conversation tendue comme une corde à linge dans un pub, la belle Erica jette le pauvre Mark pour excès de suffisance. La scène a une fonction narrative : blessé dans son orgueil (mais aussi dans sa chair), Zuckerbeg se vengera le soir même via son blog en y insultant son ex, puis via la création de Facemash - prémice du futur Facebook. Mais cet échec amoureux de Mark donne tout le ton du film.

Parallèlement au triomphe de Facebook qui fera de lui le plus jeune milliardaire du monde, Zuckerberg foire scrupuleusement ses relations avec la fille qu'il aime et son meilleur... pardon son seul ami (Eduardo Saverin, avec qui il crée Facemash). Nerd en sandales vissé à son écran tandis que ses camarades friqués organisent de torrides sauteries dans leur club ultra sélect, Zuckerberg est obnubilé par le pouvoir et l'intégration du club des puissants. Pour d'obscures raisons psychologiques zappées par le scénario (aucune trace des parents Zuckerberg, ni de presque aucun parents d'ailleurs....), Mark est incapable de concevoir la valeur d'un être autrement qu'à l'aune de sa réussite sociale et sa "cool attitude". Terminator avec un clavier, il écartera froidement Eduardo de l'empire Facebook au profit du tellement plus... cool et performant Sean Parker (Justin Timberlake). Réjouissant paradoxe : rarement ces derniers temps Hollywood nous aura offert une oeuvre aussi adulte, aussi prenante, quand bien même la majorité des acteurs n'ont pas 25 ans. En ces temps d'effondrement galopant du Q.I de la production américaine, ça fait du bien.

Côté forme, c'est la grande. Un constat : Fincher is back et The Social Network se montre aussi jouissif qu'un Wall Street, avec lequel il partage quelques algorithmes. Même témoignage d'une époque (Stone épinglait les rois de la finance, Fincher ceux d'Internet. Des tribus obsédées de pouvoir dans les deux cas. Sean Parker/Gordon Gekko, même pacte faustien ?). Même mise en scène totalement implicante, qu'il s'agisse des mouvements de caméra ou du montage trépidant. Même héros perdu dans sa quête de réussite, à ceci près que Wall Street ménageait une fin plus optimiste et moralisatrice que celle, simplement déprimante, de TSN.

Une chose est sûre : après l'ampoulé Benjamin Button, soporifique spielbergerie reniflant l'Oscar comme un chien truffier, le réal' de Seven retrouve la niake. Entre la rutilance expérimentale de Fight Club et les joutes verbales typiques des séries télé d'un Sorkin à son top, le cocktail fait mouche dés l'ouverture évoquée plus haut : une rupture entre Mark Zuckerberg et Erica, sa petite amie écoeurée par l'arrogance implacable de ce nerd froid comme une ligne de code. Au bout de quelques minutes de conversation dans la semi pénombre bruyante d'un des bars du campus de Harvard, le ton va virer à l'aigre et Zuckerberg se retrouver seul avec sa bière. Pour sûr, ça tchatche à la vitesse du son. Mais à condition de s'accrocher, la pression de ce ping pong savamment gérée par le tandem Fincher/Sorkin vous rive à l'écran jusqu'au point de rupture, qui vaut son pesant de violence mentale.




Les morceaux de bravoure formels s'enchaînent alors dans une ambiance automnale glaçante et stimulante à la fois : la séquence de la création de Facemash en montage alterné avec une soirée porno-chic organisée par des cracks du campus, celle de la boîte de nuit de Frisco et son vertigineux mouvement de grue, celle encore (instantanément culte) de la course d'aviron et ses changements de point démentiels traquant les hormones à l'oeuvre... Une virtuosité couplée à celle de l'écriture : bijou de précision, le scénario de Sorkin parie sur l'intelligence du spectateur avec sa valse narrative entre présent (les deux procès impliquant Zuckerberg, l'un contre son ami Eduardo, l'autre contre les jumeaux Winklevoss) et passé récent (la création et l'essor de Facebook). Le tout sans indication grossière à l'écran de l'année en cours...


La crédibilité de The Social Network, film résonnant si juste malgré les dénégations du vrai Zuckerberg, tient évidemment aussi à la subtilité de son interprétation. Sympathique dans Zombieland, Jesse Eisenberg éclate ici, funambule génial en équilibre surnaturel entre l'arrogance de son personnage et une sourde, incommunicable, détresse intérieure. Malgré ses milliards, Mark n'est rien d'autre, à la fin du film, qu'un sociopathe cliquant comme un zombie sur le propre outil de drague qu'il a créé. Andrew Garfield, attachant et poignant Eduardo, nous donne au moins une bonne raison d'attendre le prochain Spider Man. Quant à Justin Timberlake, il est tout simplement impeccable en Sean Parker dandy du web, beau mec shooté à la morgue et au charme mais plus parano et coké qu'un Delarue des grands jours. Il serait criminel enfin de zapper la contribution musicale électro du tandem Trent Reznor/Atticus Ross, imprimant au film toute sa mélancolie automnale (mon chouchou : le sublime et triste "Hand Covers bruise", illustrant la course nocturne solitaire de Mark après sa rupture).

David Fincher a sans conteste réalisé là un très grand film, peut-être son meilleur. Un trip sensoriel galvanisant vous donnant foutrement l'envie, en sortant de la salle, de bouffer le monde comme le font ces jeunes petits cons. Une fable cruelle où des ados richissimes se déchirent devant des avocats médusés par leurs anathèmes dignes de cours de récré. Une parabole sur la folie d'une société toujours plus rapide et connectée, où nous sommes tous engouffrés, le nez dans les détails les plus intimes de l'autre. Une romance tuée dans l'oeuf par un jeune homme amoureux mais écrasé par son orgueil et son incapacité à partager. Et accessoirement une rare expérience de cinéma qui m'a renvoyé personnellement à beaucoup, beaucoup d'émotions. Voilà les aminches, je crois que j'ai fait le tour, non ? Ha si, une dernière chose. The Social Network est un chef-d'oeuvre.


End of transmission....


The Social Network, de David Fincher. En salles depuis le 13 octobre.



31 commentaires:

Draven a dit…

Un chef-d'œuvre je ne sais pas... mais un excellent film ça c'est sûr et ce, qu'on en ait quelque-chose à foutre de Facebook ou pas !

Dommage qu'il soit si difficile de convaincre les sceptiques d'internet/Facebook que ce film présente un véritable intérêt, à la fois cinématographique et scénaristique.

Et bien vue la comparaison avec Wall Street ! C'est exactement le même type de propos.

Julhien a dit…

Je ne trouve pas que ce film soit un chef-d'oeuvre.

Ce qui ne l'empêche pas d'être très bon. Non seulement l'histoire du personnage est passionnante mais elle est portée par un rythme (petits allers-retours temporels, musique, dialogues...), et des acteurs assez surprenants (j'ai particulièrement apprécié Timberlake et Eisenberg).

Ce en quoi je ne suis pas forcément d'accord,c'est sur le côté désespérant de la fin. Car finalement, alors qu'on a observé un Zuckerberg poussé par la rancoeur, la recherche de pouvoir et la jalousie pendant tout le film, la fin nous montre un côté plus humain, moins démesuré du personnage, et pour moi bien plus sympathique.

Ah, et à la décharge du critique du Masque ( je ne me souviens plus de qui il s'agissait) , il ne me semble pas qu'il ait conspué le film. Sa phrase ressemblait plutôt à "Il a réussi à rendre passionnante la chose la plus inintéressante quoi soit, à savoir internet...". La phrase est stupide mais bon !

Noodles a dit…

Je n'ai pas encore vu le film, mais il est tout en haut de ma liste de films à voir!

En tout cas, c'est vraiment chouette de pouvoir lire un nouvel article sur ton blog!!!!! En espérant ne pas avoir à attendre de nouveau cinq mois avant de lire le prochain...

louckousse a dit…

Tout d'abord, je suis vraiment heureux de te lire à nouveau ça fit du bien.

Pour le film en lui même j'ai besoin de le revoir pour lui donner un statut de chef d'oeuvre, mais ce qui est sur c'est que j'ai plus qu'aimé. Je ne saurais dire pourquoi j'ai autant accroché, en tout cas c'est un super coup de coeur que je conseille à tout le monde de voir.

Fincher, est pour moi, une espèce de dieu depuis que j'ai découvert Fight Club, sa filmographie (me manque panique room) ne m'a jamais déçu. Et là il repart de plus belle.

Denday a dit…

Je suis avec grand plaisir (golomètre 1000) vos interventions podcastées depuis quelques temps et c'est la curiosité qui m'a fait atterrir (amarsir ?) sur votre blog ce soir.

Au delà du fanboy basique, je vous félicite pour cette réorientation couillue qui, je suis sûr, permettra à votre talent et vos passions de s'exprimer dans toute leur démesure.

Concernant le film maintenant. Etant issu de cette génération wired, travaillant dans le web et étant moi-même une sorte de geek associal et amateur (en partie!) de la filmo de Mr Fincher, je dois représenter le fond de commerce de ce film je m'en rends compte. Pas étonnant dans ces conditions si j'ai eu l'impression qu'il m'avait accompagné déjà depuis un bout de temps.

A tel point que cela a surement desservi ma vision du film, puisqu'en dehors de certaines scènes mémorables que vous avez citées (la 1ere nuit, l'aviron, le club, le plan final) j'ai eu l'impression d'assister à un documentaire sur une success story. Certes parsemé de dialogues et de plans jouissifs, mais dont les péripéties s'enchainent tellement naturellement que rien ne vient stimuler mon imaginaire ou déclencher une réflexion. Une sorte d'anti-Inception, pour faire une comparaison de bas étage.

J'en suis quand même ressorti avec un large sourire, à la fois rassuré sur l'orientation que prend Fincher et ma tendance à m'accrocher à certaines filles plus que de raison. Enfin je reste hanté par cette bo ovni.

Alors voilà j'ai été en symbiose avec chaque instant du film et pourtant je ne me sens pas capable de crier au chef d'oeuvre comme vous. Première fois que j'éprouve ça et cela contrarie le cinéphile en moi.

Impatient de voir un débat sur ce film dans SCUDS ou du moins d'avoir vos avis. D'ici là good night and good luck comme dirait Georges.

Unknown a dit…
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liohornet a dit…

Enfin, ça fait plaisir de te relire, comme toujours ton article est superbement écrit... Je ne contre-critiquerais pas ce film, que je n'ai pas vu d’ailleurs, mais je post ce commentaire, pour dire que tu m'as donner envie de le voir, et pour ça je te remercie ^^.
En tous cas continue comme ça !!

Julhien a dit…

@Denday : Tout à fait d'accord avec toi.Je n'arrivais pas à trouver ce qui faisait que je n'étais pas 100% satisfait par ce film !

Et en passant, cool de te voir réécrire sur ton blog, Sir John, c'est toujours un plaisir !

JaguarTique a dit…

Ha je suis rassuré, Mr Plissken peut aimer un film actuel. A force de t'entendre dire que c'était mieux avant dans 90% des cas, je commençais à m'inquiéter. Pour moi un avis critique sur tout est signe d'un mal-être. C'est juste que tu dois être très difficile ( c'est ce qui arrive quand on a vu grand nombre de films je pense ) et voir un article aussi élogieux pour un film au thème... risqué, cela me donne encore plus envie de voir ce "chef-d'oeuvre"

Merci pour l'article, maintenant il me tarde ( encore plus ) de l'avoir dans ma vidéothèque.

stif a dit…

Ben mon John, quand t'as aimé un film ça se sent dans ton écriture ! Outch, la belle critique enflammée que tu nous a pondue et même si je ne suis pas de ton avis concernant ce film, ça valait le coup d'attendre... Puis bon, on a maintenant l'habitude de tes publications repoussées.

Bref, je vais droit au but : The Social Network n'est pas un chef d'oeuvre. Ok ok, tu as raison sur un tas de points : la mise en scène maîtrisée de Fincher, les acteurs très convaincants, la musique de Reznor, tout ça forme un tout plutôt plaisant. D'ailleurs je suis sorti de la salle avec un petit goût de reviens-y... comme si j'avais besoin d'une seconde vision pour me forger un avis. Peut-être suis passé à côté du film, c'est en tout cas ce que je me dis lorsque je lis tant d'avis dithyrambiques à son sujet. Et là tu t'y mets aussi... "chef d'oeuvre"...

Alors j'essaye de me remémorer mon impression première, de façon à exprimer mon désaccord.

D'un point de vue scenaristique, je trouve le film inégal. Dans la première heure, on voit une bande de nerds inventer le net 2.0 et tout le bordel qui va avec : les insultes gratuites, la mise en page de sa vie intime et tout le joyeux foutoir auquel la moitié de la population est aujourd'hui addict. Cette première heure, bien que plaisante à regarder, ne comporte pas assez d'enjeux dramatiques pour nous emmener ailleurs que dans une copie du wall street de Stone. Car oui, tout au long de ces 2h, impossible de ne pas penser à ce film qui a traumatisé toute une génération.
Il faut en fait attendre l'arrivée de Timberlake pour que les choses commencent enfin à se gâter. Et là, c'est un refrain déjà bien connu : oui, le capitalisme peut foutre en l'air les amitiés les plus fortes. Oui, tu peux te retrouver au tribunal face à tes potes pour une simple histoire d'idée volée, de contrats foireux... Bref, le fric est encore une fois le nerf de la guerre. Le fric et la jalousie. Fincher n'a rien déterré de bien neuf.

Concernant la mise en scène, rien à dire : Fincher fait encore une fois un sans faute. Ou presque. Etrangement, cette scène d'aviron que tu mets en avant est peut-être la scène que j'aime le moins. Fincher me gonfle lorsqu'il fait du spectaculaire, lorsqu'il commence à trop jouer avec sa caméra, façon fight club. Je préfère largement la sobriété d'un Zodiac, son meilleur film à mon avis. De plus cette scène arrive comme un cheveux dans la soupe, d'un point de vue formel.

Et pour terminer, je vais balancer deux mots sur la bande originale... Bah alors ? Il est arrivé quoi au Reznor pour manquer à ce point d'inspiration ? Franchement j'ai cru entendre des chutes studio de the downward spiral. Rien que nous n'ayons déjà entendu au moins vingt fois. Toujours les mêmes trois notes mélancoliques sur un vieux son saturé.

Voilà en gros ce que j'avais envie de dire... J'écrirai quelque chose de construit dès que j'aurai revu le film et dès que j'aurai dormi plus de 6h...

stif a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
stif a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Popy a dit…

Belle critique Philippe... heuu Maître John veuillez me pardonner cette soudaine et inappropriée proximité.

Ça fait plaisir de retrouver de la vie dans ce blog ! Y a tellement de blog de gens qui n'ont rien à dire que de voir le tiens sans vie je trouve ça dommage.

Une vraie bonne critique argumentée et posée.

Je suis conscient que je passe peut être à coté d'un grand film mais j'ai carrément pas envie de le voir. J'ai beau lire à droite et à gauche de bonnes critiques, de bons avis mais je trouve rien de sexy à cette histoire et rien à voir avec Facbook.

Bonne chance pour l'aventure Nowatch.

AL a dit…

Mon Plisskos !
Quel plaisir de te lire de nouveau ici. Qui est plus est une critique de film que j'ai vu (sur tes recommandations d'ailleurs).
Chef-d'œuvre ou excellent film ? N'ayant pas la culture cinéphile pour trancher, je dirai juste que j'ai grave kiffé ma race.

Comme son nom l'indique, The Social Network traite de l'importance des réseaux sociaux, qu'ils soient virtuels ou "réels", chez les jeunes Américains. Pour exister, il faut appartenir au bon groupe. Pas seulement dans les milieux friqués et les universités de l'Ivy League. Dès leur plus jeune âge, les gamins cherchent à se rapprocher des gens "popular" pour devenir cool à leur tour.

Le personnage de Zuckerberg m'a émue aux larmes, sans doute parce qu'il m'a rappelé un môme que j'ai longtemps gardé.
Zuckerberg n'est pas particulièrement beau, millionnaire ou athlétique, et il ne peut pas s'empêcher de montrer qu'il est plus intelligent que les autres (ce qui a le don d'irriter son entourage, téléspectateur y compris).
"Je fais partie d'Alpha Mega Beta et je me tape des cheerleaders tous les samedi soirs" ayant depuis des années supplanté la formule de Descartes,
Zuckerberg ne rêve que d'une chose : appartenir au groupe le plus cool pour être envié/jalousé/désiré à son tour.

Ce qui m'a fasciné dans son personnage, c'est le mélange de lucidité dont il fait preuve (il a tout compris du fonctionnement du système social dans lequel il vit, au point de le reproduire virtuellement via Facebook) et sa naïveté. Ne voit-il pas la vacuité dudit système ? Ne comprend-il pas que, même s'il est admis au sein du Groupe, il s'y sentira toujours seul ? Que susciter l'envie/la jalousie/le désir n'équivaut pas à rencontrer l'amour ? (… Barbara Cartland, sors de ce corps !)

J'aimerais bien savoir comment mes "mômes américains", qui, hormis celui mentionné plus haut, ont navigué au sommet de la chaîne populaire entre fraternités, cheerleaders, clubs de foot US ou d'aviron (eh oui !), percevront The Social Network.

Au-delà de la formidable histoire du personnage principal, j'ai trouvé le film perspicace et subtil dans sa description du système social américain.
J'ai pas baillé une seule fois, ce qui, dans mon langage basique de non cinéphile, signifie que la réalisation/le montage m'ont scotchée.

Bon, j'arrête de jouer les Plisskenettes en herbe. Au plaisir de te relire avant 2011.

AL a dit…

Groumpfff. Peux pas éditer mon post.
A la fin du 3e paragraphe, il fallait lire :

"Je fais partie d'Alpha Mega Beta et je me tape des cheerleaders tous les samedi soirs, donc j'existe" ayant depuis des années supplanté le "Je pense donc je suis" de Descartes, Zuckerberg ne rêve que d'une chose : appartenir au groupe le plus cool pour être envié/jalousé/désiré à son tour.

Jaz a dit…

Content de te retrouver sur ton blog.

Je prend toujours beaucoup de plaisir à lire t'es critiques.

Merci pour ce moment de lecture, qui m'a permit de me remémorer cette excellente séance de cinéma.

@laurent_gabriel a dit…

Un chef d'oeuvre The Social Network? Comme souvent je crois que ça dépend de la sensibilité de chacun, de notre capacité à se laisser toucher par une histoire, un acteur, une ambiance. Néanmoins, tout le monde semble au moins d'accord (et moi le premier) sur le fait que ce soit un excellent divertissement... 2h sans scène d'action ni effet spécial et pourtant un des films les plus prenants de ces dernières années. Mais ce n'est pas tant la critique que je trouve mémorable que cette tranche de vie que nous livre John en guise d'introduction. J'ai beau avoir quelques années de moins, ce message emprunt de sincérité fait écho à mes propres sentiments et me touche. Comme disait l'autre, il y a énormément de gens qui passent leur temps à rêver leur vie et très peu qui vivent leurs rêves. C'est pourquoi mon cher John, j'ai juste envie de te souhaiter le meilleur pour la suite!

Unknown a dit…

Ah les monstres, ils t'ont fait vendre ton appart' et quitter ton job, tout ca pour t'obliger a vivre avec un bucheron, et a matter des films ouzbeke sous-titre en pakistanais...

Je n'ai lu que le premier paragraphe, TSN n'est toujours pas disponible chez moi... je patiente toujours

Vivian Roldo a dit…

Et bien ! Ça c'est de la critique enflammée ! Je suis absolument d'accord avec tout ce qui est dit. Quand j'ai vu cette scène d'aviron en Tilt Shift, je me suis dit dans mon fore intérieur "Oh putain" ; même si j'avais l'impression que la technique n'était pas à 100% maitrisée (l'effet n'était pas aussi convaincant que d'autre vidéos dispo sur le web, sans doute parce que l'effet a été fait par un studio d'effet spéciaux et non pas pendant le tournage avec une optique particulière, mais je me trompe peut-être).

Comme le souligne Popy, effectivement, pour moi, ce film n'a rien à voir avec Facebook finalement ; ce n'est qu'un prétexte pour mettre en scène les relations tourmentés entre trois personnages, décrire la société américaine d'aujourd'hui, le monde virtuel, l'argent virtuel aussi (on parle beaucoup d'argent dans le film sans en voir la couleur)... Et c'est tant mieux.

Le critique du Masque dont fait référence John (mais d'autres aussi dans l'émission) était persuadé que c'était un film sur Facebook, ce qui prouve non seulement leur méconnaissance d'Internet mais surtout leur désintérêt et leur mépris pour Internet.

Concernant le fameux bonhomme, j'ai vérifié son avis sur TSN dans son magazine... Et a ma grande surprise, il est le seul critique à n'avoir pas noté ce film. LE SEUL ! Pas une étoile alors que tous les autres collègues du monsieur ont mis entre 3 et 4 étoiles (majoritairement des 4 étoiles). Il est vrai que s'il avait mis qu'une seule étoile voire une étoile vide, cela aurait fait jaser, ç'aurait pas été propre. Du coup, j'imagine bien la rédaction décider de ne pas mettre sa note dans les colonnes du magazine. A moins qu'en réalité, il n'est pas vu le film et qu'il en a fait la critique dans le Masque et la Plume sans l'avoir vu. Le beau salaud, tient...

Mentine a dit…

Je ne regrette absolument pas d'avoir passé 20 minutes à lire et relire cette brillante critique, à y avoir repensé, et à passer un peu de temps à rédiger mon post. Je vais certainement paraphraser tout le monde en disant que tu fais des critiques fabuleuses, qui donnent une envie -de ouf- de voir tous les films que tu as aimés. Donc j'aimerais tenter une petite analyse, sans sarcasmes, de ton coup de cœur pour ce film -que je n'ai même pô vu d'ailleurs, ça va voler haut tiens!-

"Being popular", le Graal de tous les adulescents américains, un but en soit. Je pense que ce film parle aussi des meilleurs ou des pires moyens d'y arriver, coûte que coûte. Ce but ultime, qu'on ne retrouve pas aussi fortement présent dans notre culture Européenne, nous a été pernicieusement distillé depuis notre enfance de part les séries/sitcoms/films made in USA. Même si le sous-titre est un tant soit peu racoleur, tout faire pour être populaire doit forcément nous rendre impopulaire auprès de certains.

Or vous, John Plissken, on ne peut pas échapper à votre popularité! Pour preuve, je citerais bien les innombrables commentaires positifs sur le forum de Nowatch, et ici-même sur votre blog. Biensûr il y a toujours des détracteurs, laissons-les à leur aboiements baveux de jalousie.

Popularité que vous devez non pas au personnage que vous avez créé (John Plissken), mais à vos qualités intrinsèques : votre talent de journaliste, votre humour tantôt gras, tantôt poétique, votre culture extra-ordinaire, votre panache (surtout face aux ronds de cuirs, et sans cuissardes), votre envie de chien enragé de nous faire découvrir vos passions, votre mauvaise foi,

Et comme si cela n'était pas suffisant, vous n'êtes pas homme à chopper le melon, ni à vous valoriser outre-mesure, ni au sein de votre trio-Scudien ni de votre duo TOMien (keep on!).

Bref ne changez rien. Vous n'êtes pas prêt de devenir impopulaire (et milliardaire du coup, en général ça va ensemble! désolée!) Je ne suis pas inscrite sur FaceBook mais j'ai l'outrecuidance (oui moi aussi j'aime bien ce mot) de vous demander si je peux être votre amie.

...
Le premier qui écrit que j'ai fait une déclaration, je lui pète les gencives.

Mentine

Thibault DUPUIS a dit…

Très bon article sur The Social Network!
Je suis allez voir le film le jour de sa sortie et j'ai trouvé que du point de vue du scénario, du jeu des différents acteurs ou des émotions présentes, ce film est un excellent film!

Chokhandy a dit…

Le grand retour de Plissken !
Superbe critique, toute aussi excellente que le film.
Je ne peux que plussoyer ton avis, si ce n'est juste une chose.
Ce film n'est pas un chef-d'oeuvre.
Il est proche de la perfection, mais simplement voilà, je n'ai pas ressenti cette petite étincelle, ce sentiment qui fait qu'on est DANS le film.
Bien sûr, je me suis attaché à Mark, à l'histoire... mais plusieurs fois dans le film j'ai "décroché". Pas décroché littéralement, mais je prenais du recul. Et puis cette petite étincelle qui manque est sans doute due aussi à la fin du film, qui est au passage génialissime, mais qui m'a laissé sur ma fin.

Voilà, bonne continuation pour ton blog et NoWatch !

stif a dit…

Mentine, très belle déclaration d'amour !

Cala-Mentine James a dit…

stif, rdv ce soir dans ton parking au sous-sol. ça va être ta fête.

Jérôme MICAUX a dit…

Superbe critique! Je rejoint en grande partie @denday pour le ressenti général de ce film et @_Popy pour la qualité de ta critique.

Je ne considère pas ce film comme un chef d'oeuvre mais il en est, très très proche à mes yeux. J'ai passé un très bon moment et c'est le genre de film qui donne envie de débattre. Je ne pouvait pas louper ce film étant moi aussi, au quotidien confronté au petit monde des start-ups web 2.0

Beaucoup de points communs dans ces personnages avec des gens que j'ai croisé dans ce microcosme. Orgueils démesurés, visionnaires, inadaptations, décalage, argent facile...

Pour la référence à Walt Whitman "Carpe Diem" dans ton texte, j'ai l'impression que, tout comme moi, cette référence s'inspire de cette scène post-rupture ou Zuckerberg rentre chez lui dans une ambiance automnale nocturne sur ce fabuleux morceau "hand covers bruise" de Trent Reznor. J'ai tout de suite pensé, en voyant la scène, aux secrètes réunions nocturnes du Cercle des Poetes Disparus. J'ai bon?

Pour la forme, belle mise en scène de Fincher et je suis ravi de voir qu'il est encore capable de faire des miracles. Très belle prestation de Justin Timberlake qui m'a bluffé dans son interprétation du dérangeant créateur de Napster. Quant a Jesse Eisenberg, on a pas fini d'entendre parler de lui.

Au plaisir de lire tes prochaines critiques et longue vie à Nowatch

Ysu a dit…

Je n'ai pas encore pu voir le film donc je serai bref.

Je te remercie John pour nous gratifier de ta plume chatoyante et sentant le romarin (Le rhum marin).
C'est toujours autant un plaisir de te lire et je t'en remercie !!

La musique est fantastique. J'irai très certainement voir le film prochainement.

Wait & see

Jerome_leBelge a dit…

Salut John
heureux de voir qu'il y a toujours de l'animation par ici. Tout d'abord bon anniversaire (en retard ... ou en avance, tu le veux "à moitié vide" où "à moitié plein" ton verre?).
J'ai également écouté cette émission (de plus en plus navrante je trouve, de plus en plus d'auto suffisance mais bon, autre début) du masque et de la plume sur le film. Et sans avoir vu le film, je suis d'accord avec toi sur le fait que c'était effectivement un mou du bulbe. Si eux m'avaient donné envie de le voir pour leur donner tord (raison très saine tu en conviendras) toi en revanche tu m'as donné envie de le voir tout court. N'étant pas toujours (mais en grand partie) d'accord avec tes critiques de TOM, je vais visionner cela avec attention.
Bien, qu'étrangement je te trouve très "gentillait": pas le moindre reproche ni rien (ce que les commentaires ne manques pas de te reprocher). Ca cache quelque chose ;)

Plus de détails quand je l'aurai vu.


Bonne continuation pour no-watch! À ce sujet, il y a quelques temps que je voulais te demander ça, est-ce que je peux te contacter par mail (en relation avec no-watch) vias l'adresse qui est stockée sur ce site?
En espérant avec vite des nouvelles par ici (j'ai déjà découverts quelques très bons groupes de musiques ici! J'attends avec impacience une autre découverte).

Lui a dit…

Cher John, je tiens à te dire que ce que tu écris est tout à fait pinesquement juste (enfin, c'est mon avis, partial donc).

Ce film est un chef d'œuvre, non pas parce que tout est parfaitement réalisé, écrit, joué, mais parce que tout est bien mieux que si c'était parfait. Inception était parfait, ça n'a pas suffi. Il y a dans ce film un acteur (deux peut-être), une image et des dialogues, et c'est suffisant. Sans compter tout le reste.

Bien sûr, ce que j'écris n'est pas particulièrement utile, c'est juste pour faire joli. Mais cet article en parle déjà pas mal, et vu que je suis d'accord, hein…

Bref, M. John P., merci pour ce retour bloggistique et ce rappel à la magie de The social network.
Et surtout, bonne chance dans l'aventure Nowatch (sérieusement, ce serait cool que ça marche cette histoire ; le toi-critique gagne vraiment à être connu).

Hervé B. a dit…

Comme toujours, j'ai bu tes paroles... Je n'ai toujours pas vu ce film mais le voir est devenu l'objectif N°1 de ma vie.

Un grand bravo aussi pour ta décision de quitter ton boulot afin de te consacrer à NoWatch... c'est le rêve de beaucoup de gens d'avoir autant de 'corones' que toi, de tout envoyer balader pour se consacrer pleinement à ta passion

Je me suis rendu compte dernièrement que j'étais tout simplement fan de toi car à chaque Scud ou Tom, je ne regarde que toi en attendant que tu me fasses rire... et je finis toujours par rire. Attention je te fais pas une déclaration, là ! je te compare juste à une Rock Star qui éclipse le reste du groupe par son aura et son charisme.

Hervé B.

PS : merci de m'avoir fait découvrir "Raising Hope" lors de ton passage chez Allociné
PS2 : le seul point où je ne suis pas d'accord avec toi "The Big Bang Theory" bien que j'avais adoré ton article sur cette série sur ton blog

Mentine a dit…

Aaah, voilà ce que j'appelle une déclaration, Herve B.!

Be seeing you,
Mentine

Denethor le Matamore a dit…

C'est toujours un vrai plaisir de te lire, tu as vraiment une écriture agréable et magnifiquement rythmée (même pour un journaliste !)

Je n'ai toujours pas vu le film, j'attendrais sa sortie DVD mais je suis d'autant plus impatient. En revanche, moi j'avais bien aimé Benjamin Button au final (au début ça m'avait paru mauvais mais la fin m'avait mis les larmes aux yeux). Certes ça vaut pas Seven ou Fight Club mais bon je te trouve sévère avec ce film.