jeudi 30 juillet 2009

Là-haut, c'est merveilleux !



Salut, foule en transe, Plissken here. Là-Haut est sorti hier en salles. Pour les inconscients qui se demandent encore si le dernier Pixar vaut qu'on y claque ses euros, voilà mon verdict. Enfin, c'que j'en dis moi hein, vous savez, j'dis ça, j'dis rien ! Allez en voiture, Simone...


DAS PITCHOVSKI

Brisé par la mort de sa femme Ellie, le vieillard Carl Fredricksen décide un beau jour de tout plaquer pour réaliser leur rêve : rejoindre un territoire perdu d’Amérique latine, destination fantasmée de leur passion commune pour l’aventure. Pour ce faire, Carl s’envole avec sa maison, reliée à des milliers de ballons à l’hélium. Mais un invité surprise va perturber ses plans : Russel, jeune scout solitaire passionné lui aussi par l’exploration.



DIE KRITIKSKAIA

Comment font-ils, mais comment font-ils ? Alors qu’à chaque chef-d’œuvre, on guette le premier coup de mou des génies de chez Pixar sur leur film suivant, ces dieux de l’animation reviennent systématiquement avec une nouvelle perle. Après la féérie kubrickienne Wall-E, dont la sortie récente en DVD nous rappelait son irrésistible pouvoir émotionnel jusqu’à la dernière goutte du générique final, Là-Haut désarmera une fois encore les cyniques les plus farouches. Pour sûr, on se doute bien que depuis sa création en 1985 et ses dix long métrages au compteur, la société dirigée par John Lasseter maîtrise à la perfection l’art d’émerveiller les foules - « Ils savent toujours appuyer sur les bons boutons pour déclencher l’émotion » se plait à me rappeler régulièrement un confrère aigri.



Mais, à moins d’un silex à la place du palpitant, comment ne pas sentir sa gorge se serrer à tant de reprises dans Là-Haut, comme lors de ce premier quart d’heure bouleversant résumant la vie du vieux Carl et ses drames, expliquant ainsi l’amertume et l’égoïsme du septuagénaire ? Comment ne pas trépigner d’euphorie devant les palpitantes péripéties, dignes d’un Indiana Jones, de Carl et de son jeune boulet Russel, embarqués au fin fond de l’Amérique latine dans cette rocambolesque aventure impliquant également un vieil aventurier mystérieusement disparu depuis des années ? Et comment ne pas éclater de rire devant cette averse de gags irrésistibles, gavés de références aux serials ou à la SF vintage – voire l’équipe de molosses parlant via un transistor fixé à leur poitrine ?
Everest de l’animation, rayon de soleil aux tons aussi variés que les couleurs des ballons emportant aux cieux la maison de Carl, Là-Haut vous rend tout simplement heureux pendant ses 95 minutes de projection et même au-delà. Le tout en ayant réussi à illuminer les yeux de vos enfants tout en abordant de front et avec subtilité des thèmes aussi graves que la mort, le deuil, l’abandon de ses rêves et la solitude. Aussi poétique que l’était Wall-E mais en restant les pieds sur terre (enfin presque…), Là-haut est une ode à la vie, aussi généreuse et limpide dans son scénario que dans sa parure visuelle – le survol du monde par la maison de Carl est à couper le souffle, surtout en 3D, format dans lequel Là-Haut fut tourné (une première chez Pixar).




A la fin de ce chef-d’œuvre (le mot est lâché, désolé), on a ri, pleuré, on s’est attaché sans réserve à ce vieil homme et ce marmot rondouillard, unis dans leur solitude respective et finalement grandis par leur destin commun. A noter pour finir l’excellente prestation, en VF, de notre Aznavour national, fort judicieusement choisi pour doubler Ed Asner dans le rôle de Carl. Et mention spéciale, j'allais l'oublier, à Michael Giacchino, compositeur maison de chez Disney (le soundtrack de Lost, c'est lui), pour ses violons toujours attendrissants, jamais mièvres. Merci Pixar !

Là-Haut (Up), de Pete Docter et Bob Peterson. En salles depuis le 29 juillet.



samedi 25 juillet 2009

Scuds #7 : j'ai failli l'oublier !

On l'a surnommé "Quasimodo" tellement il est déformé par quelques soucis techniques indépendants de notre volonté mais malgré tout, je considère humblement qu'il s'agit là de notre meilleur Scuds !

MAIS foin de digressions oiseuses et place aux images !

Au sommaire :
- Que penser de la saison 5 de Lost ?
- Gadgets tech : pourquoi tant d'addiction ?
- Geek chic ou geek chiqué : la récupération du mot par tout et n'importe qui nous les brise MENU !

Magnéto, les X Men ! (oui, bon, pffff...) :

La Forteresse noire : le film maudit de Michael Mann




Avé les aminches. Que je vous raconte un peu...

Dimanche 19 juillet, j'ai assisté, à l'initiative de mon camarade David "Diamond Dave" Mikanowski, à la projection de La Forteresse Noire (The Keep), de Michael Mann.Un événement (le mot est faible au vu de la rareté subatomique du film : aucun DVD, quasiment pas de diff télé...) organisé à la Cinémathèque de Paris, dans le cadre d'une rétrospective consacrée au génial réalisateur du Dernier des Mohicans, Heat, Le Sixième sens ou encore Collateral.


La cinémathèque française : c'est au métro Bercy (ligne 6 et 14) à Paris


Ha ben oui, c'est bien au programme ! Mais d'où vient cette grosse trace de doigt sur Michael ?


Une salle quasi remplie de fans du cinéaste.
Dommage que le débat prévu après projection ait été annulé au dernier moment !


Dans la salle Henri Langlois, quasi-bondée de cinéphiles avertis, un silence religieux régna pendant toute la durée de ce voyage au coeur des ténèbres. Une véritable expérience visuelle et sonore pour un film certes tronqué et partiellement raté (voir plus loin) mais indéniablement singulier et fascinant.

Car bien avant de péter dans les frimats des frou-frous friqués mais creux de Miami Vice et Public Ennemies, Michael Mann pataugeait dans la boue, le satanisme et les ambiances glauques pour La Forteresse Noire, en 1983. Second film cinéma du réalisateur (après Le Solitaire, avec James Caan), The Keep est à la base une adaptation du roman du même nom signé F. Paul Wilson et paru en France sous le titre Le Donjon (ed. France Loisirs).

L'histoire
"Dans une forteresse de Transylvanie, un détachement de soldats allemands réveille un démon prisonnier depuis des siècles. Le combat pourrait bien mal tourner pour les enfants du Führer, car cette fois l'adversaire n'a que faire des mitrailleuses : il est le Mal en personne. Celui de toutes les religions, de tous les livres interdits, de toutes les imaginations. Et les caprices mégalomanes et meurtriers du petit Hitler lui redonnent volontiers le goût de vivre... et de tuer"

Je me suis permis de citer le résumé du film tel qu'énoncé dans le Starfix Hors Série paru en avril 1984 et consacré à L'Etoffe des héros ET La Forteresse Noire. Un numéro sublime dont Mr Mikanowksi a bien voulu me prêter un exemplaire dont je reproduis la couv' ci dessous.



J'ajoute au résumé ci-dessus un autre développement important du scénario : alors que les allemands se font décimer chaque nuit par la force invisible qu'ils ont réveillé, une unité de SS fait sortir d'un camp de concentration le professeur Cuza (joué par Ian "Gandalf" McKellen), spécialiste d'histoire médiévale. Selon l'ecclésiaste du village roumain abritant le donjon, Cusa est le seul à même de décrypter les textes gravés dans les murs de la forteresse et identifier le démon qui massacre les soldats allemands : un certain Radu Molasar.

Le background

En 1983, Michael Mann a quarante ans mais fait encore figure de débutant au cinéma, après avoir fait ses preuves sur le petit écran en tant que scénariste de Starsky et Hutch. Il est d'ailleurs amusant de lire ce qu'écrit à l'époque Starfix : "En France, la télévision est une boîte noire avec des abrutis enfermés à l'intérieur. Aux Etats-Unis ou en Grande Bretagne, c'est un réservoir de talents en ébullition permanente (...) Alors que dans notre patrie Cochonou, on en reste aux Amours d'une princesse coincée (tous les jours sur la 2, à 13h30. C'est à hurler de rire), de l'autre côté de l'Atlantique, des feuilletons comme Twilight zone, Kojak ou même Starsky et Hutch ont été l'occasion pour des metteurs en scène débutants d'apprendre sur le tas à raconter en une heure des histoires qui tiennent debout, tout en respectant des budgets et des délais draconiens (...) Michael Mann est un pur produit de la télévision" Et oui les gars, 26 ans plus tard on a l'impression que rien n'a changé ou presque... Mais passons !

Avec sur son CV de réal' le téléfilm Comme un homme libre et le film Le Solitaire, deux oeuvres acclamées par la critique, Mann accepte la proposition du studio Paramount d'adapter le roman d'épouvante Le Donjon. Son ambition est d'en tirer un film d'horreur ultra stylisé et philosophique qui exploiterait l'intrigue initiale pour livrer une parabole sur le mal absolu. Mais pour le réalisateur, l'aventure confinera au cauchemar. Un tournage interminable, entre les studios de Shepperton (pour les décors de la pièce principale du donjon) et le pays de Galles, où le village roumain du film a été entièrement reconstitué au creux d'une carrière d'ardoise désaffectée. Il fait froid, il pleut et les prises de vue s'étaleront sur un an, suite à d'innombrables soucis techniques et à la maniaquerie de Michael Mann. Dans le Starfix hors série, tous les intervenants interviewés, de la comédienne Alberta Watson (alias Eva, la fille de Cusa) au chef opérateur Alex Thompson (Excalibur), témoignent de l'âpreté de l'expérience.

Lisez aussi cet extrait de l'EXCELLENT SITE consacré au film par Stéphane Piter, un fan français acharné de Michael Mann et de The Keep en particulier :

"Beaucoup de choses ont été racontées sur ce tournage qualifié de chaotique : problèmes techniques et logistiques effectifs (tournage extérieur difficile dans le Nord du Pays de Galles, froid abîmant le matériel, prises multiples de Mann, difficultés à visualiser Molasar et à le faire fonctionner, etc.). On retiendra surtout et malheureusement le décès du responsable des effets spéciaux optiques visuel Wally Veevers qui emporta avec lui tous les secrets devant rendre Molasar encore plus impressionnant entre le demi solide, énergétique. La finition fut donc gravement compromise par le comportement même de Paramount qui bloqua les fonds et refusa de chercher un remplaçant à Veevers et aboutir le film" (©Stephane Piter)

Pour les curieux, le Starfix hors série de 1984 est un document référentiel incontournable, avec des articles et interviews passionnants sur les conditions de tournage du film. Sans oublier une iconographie aux petits oignons et une critique toute en nuances signée François Cognard, un des piliers du mag.

Avant de juger trop hâtivement The Keep et son côté daté, si un jour vous croisez sa route, gardez donc à l'esprit qu'il s'agit là d'un "grand film malade", comme on dit. Une oeuvre tournée dans les pires conditions avant d'être dépiautée, ratiboisée, ratatinée par un studio Paramount crispé sur une durée standard de 90 min quand son réalisateur était parvenu à un montage initial de 3h30. Et un spectacle diminué par la mort tragique du responsable des effets optiques en pleine post production. A noter que notre Bilal national fut chargé au dernier moment par le réalisateur de concevoir le design final de Molasar.


Ci dessus : au coeur de la forteresse, l'officier SS Kaempfler seul face à la bête. Le Mal face au Mal.



Kaempfler (Gabriel Byrne) et une arme dérisoire contre son Nemesis.


La critique


La première demi heure de The Keep est réellement captivante. Sur des percussions napées de synthés orchestrées par le groupe allemand Tangerine dream, la caméra suit une noria de jeeps de la Wehrmacht progressant entre rocs et forêt des Carpates, jusqu'à une passe étroite ou se niche le village abritant la fameuse forteresse. C'est ici que le détachement de la Wehrmacht commandé par le capitaine Woermann (Jurgen Prochnow) doit stationner pour empêcher tout passage des troupes russes. Pas de paroles durant ces longues minutes d'exposition : juste les rythmes tribaux de la bande son, le bruit des véhicules et une ambiance d'oûtre monde, renforcée par l'anachronisme des synthétiseurs. On pense alors énormément au Convoi de la peur de Friedkin et son ambiance poisseuse et baroque. Logique : les deux films empruntent leur musique au même groupe et le design de leurs sublimes décors au même homme (John Box).

Le charme de The Keep opère à plein lors de l'arrivée des Allemands puis leur installation dans le donjon : l'action ne traîne pas, le décalage entre le contexte historique et les synthétiseurs intrigue et bientôt, certains plans vertigineux vous sautent à la rétine. Témoin ce zoom arrière hallucinant révélant l'immensité de l'antre du Molasar dans laquelle deux troufions viennent de pénétrer. Les malheureux paieront chèrement leur imprudence en réveillant l'esprit du Mal, qui absorbera leur âme avant de les réduire en charpie. Une séquence impressionnante et glacée qui contribue à faire de The Keep un trip sensuel, une expérience esthétique, hypnotique, mystique.


L'entrée de la forteresse : un décor colossal érigé aux studios anglais de Shepperton

Au bout de 45 minutes hélas, les coupes sombres dans le métrage se ressentent violemment: certaines scènes s'enchaînent sans transition et le ratage complet de pans entiers d'effets visuels, abîme cruellement l'attention du spectateur. Dés l'apparition (comme un cheveu sur la soupe) de Scott Glenn dans le rôle l'ange exterminateur Glaeken (le double positif de Molasar), le film bascule dans... autre chose. Un recul s'installe : même si le conte maléfique de Mann décoche de sublimes fulgurances, il charrie aussi plusieurs plans kitsch qui ne dépareilleraient pas une série Z made in Roger Corman. La relation charnelle entre Glaeken et Eva, la fille de Cuza, parait elle aussi complètement précipitée et peu crédible, d'autant que certains dialogues un brin ampoulés et abscons donnent à leurs scènes (mais aussi à d'autres) un petit côté "théâtre expérimental du pauvre".

Il n'empêche : voilà un film visuellement envoûtant, malgré (ou grâce à) ses tics so eighties : fumigènes traversant des halos de lumière bleu cobalt, ralentis, musique synthétique... Les thèmes brassés par The Keep laissent une empreinte qui survit longtemps au générique de fin. Il ne s'agit pas là d'une simple série B d'horreur mais d'une digression sur la nature du mal et son pouvoir de corruption, comme l'évoque ce pacte faustien signé, à un moment du film , entre le professeur Cusa et la bête. Molasar, esprit immatériel se réincarnant en être de chair et de sang à mesure qu'il consume ses victimes, trône par ailleurs assurément au Panthéon des plus belles créatures du cinéma fantastique. Et ce malgré son apparence très éloignée des intentions initiales de Michael Mann.


Le rouge : couleur des yeux de Molasar et aussi des brassards nazi.
Elle n'apparait à aucun autre moment dans le film.


Brouillon magnifique, en permanence sur la corde raide entre splendeur et grotesque, The Keep attend toujours (et sans doute à jamais) une édition DVD director's cut pour laquelle se bat depuis des années Stéphane Piter. Ce dernier est même allé, sur son site, jusqu'à concevoir, de la jaquette aux bonus, ce à quoi devrait ressembler ce DVD hypothétique. Si c'est pas de la démarche de gros geek passionné ça !

Et pourquoi pas finalement en faire remake, de ce film maudit ? Tiens je vais appeler Michael pour lui en toucher un mot...

End of transmission...


lundi 6 juillet 2009

TRON 2 vs TRON





Good evening programs...

C'est officiel : Disney a enfin révélé officiellement les grandes lignes du scénario de Tron 2, temporairement titré Tron et produit en 3D. Anglophones, c'est le moment d'exercer vos talents, voilà le communiqué :

Tron (title not final) (In Disney Digital 3D™)

Tron is a 3D high-tech adventure set in a digital world that's unlike anything ever captured on the big screen. Sam Flynn (Garrett Hedlund), the tech-savvy 27-year-old son of Kevin Flynn (Jeff Bridges), looks into his father's disappearance and finds himself pulled into the same world of fierce programs and gladiatorial games where his father has been living for 25 years. Along with Kevin's loyal confidant (Olivia Wilde), father and son embark on a life-and-death journey across a visually-stunning cyber universe that has become far more advanced and exceedingly dangerous.

En gros, si Tron racontait l'histoire de Kevin Flynn, concepteur de jeux vidéo propulsé à l'intérieur d'un jeu par le très méchant superordinateur MCP, la suite va raconter comment... le fils de Flynn se retrouve lui aussi propulsé dans le monde des programmes où son père est retenu prisonnier depuis 25 ans. Mouais. Disney crie "suite", je réponds "remake" !

Quelques jours avant le communiqué de la boîte à Mickey, le script de Tron 2 fut passé en revue par le contributeur Tony Lazlo, sur le site CC2K.

Détail important : Lazlo base sa script review sur la lecture d'une première version du scénario, signée Richard Jefferies, dont le nom fut depuis complété par l'arrivée de nouveaux auteurs issus du team de Lost (Edward Kitsis et Adam Horowitz). Lost, qui partage avec Tron le même studio - Disney donc. Vous m'suivez, les aminches ?

Précisons par ailleurs que Steven Lisberger, réalisateur et scénariste du premier Tron, joue un rôle important dans ce Tron 2.0 en gestation depuis plusieurs années. Son nom est ainsi mentionné en tant que scénariste et producteur.

Personnellement je n'aime pas trop les spoilers : je me suis donc contenté de lire le pitch de départ et surtout le petit commentaire d'ensemble de Lazlo, qui hélas ne m'inspire guère d'optimisme.

Le Pitch : Encom is back, donc ! Mais si, remember, la vilaine corporation dirigée, dans Tron, par ce vieux rampant moisi de Dilinger (incarné par l'immmmmense David Warner, qui fait bien deux mètres, c'te corniaud-là). Dans Tr2n, Encom semble être sur le point d'assoir sa domination mondiale avec (si j'ai bien compris) la mise au point d'un réseau global d'information baptisé "X-Net". A un certain moment du film, Encom répand des virus dans les bécanes du monde entier pour convaincre les opinions du monde entier que X-Net est le seul système de communication 100% fiable pour nos ordinateurs. Heureusement un autre virus veille au grain et s'attaque inlassablement au système central de X-Net : Tron. On retrouvera par ailleurs dans ce film Jeff Bridges, qui reprendra pour notre plus grand bonheur son rôle de Flynn. Mais le héros de Tron 2 sera... son fils Sean, jeune programmateur de génie.

Tony Lazlo détaille les principaux twists de cette version du scénario, sur lesquels je ne vais évidemment pas revenir. En revanche, je suis bien peiné par les premières impressions que lui inspirent la chose : "... un script bourré de problèmes et de potentiel. Il s'agit d'une suite dans le sens "Die Hard 2" du terme. A savoir, moins une continuation de l'histoire originale - type Empire contre-attaque - qu'un remake dans les règles à plus grande échelle et avec un plus gros budget. Vous savez, comme la plupart des suites..." Ouch, ça sent le purin. Mais restons optimistes et gardons espoir, surtout avec Jeff Bridges qui rempile, ça ne peut pas être complètement mauvais. On en saura d'ailleurs plus sur le film à l'issue du Comic Con de San Diego dans quelques jours.



TRON : FILM CULTE

L'occasion est en tout cas pour moi trop belle de rappeler à quel point le premier Tron, malgré ses défauts évidents (acteurs sans éclat à part Bridges, narration linéaire un brin laborieuse, mise en scène passe partout...), reste, 27 ans après sa sortie, un film implacablement culte et chéri par les geeks. Pourquoi ? Parce que lire les lignes suivantes.


Tron (lire le scénario ici) est sorti en France le 8 décembre 1982. J'avais onze ans. J'ai le souvenir de l'avoir vu au Gaumont Convention, par un terne samedi après-midi d'automne, et d'être sorti de la salle complètement retourné. Exactement comme pour Star Wars, Superman, L'Empire contre-attaque et New-York 1997 quelques années plus tôt. Un choc. Je n'avais pas exactement tout compris mais j'eu un coup de foudre instantané. Pour un môme de onze ans biberonnant à Strange et découvrant avec fascination l'univers des jeux vidéo (ma console de l'époque était une Mattel Intellivision), Tron était une expérience visuelle et sensorielle unique.



Six raisons pour lequelles le film devint instantanément mon préféré de tous les temps (jusqu'à ce que je découvre Tonnerre de Feu un an plus tard ;-)) :

- La direction artistique (bon, j'appelais pas ça comme ça à l'époque, hein, mais en gros je kiffais grave le look du film). Cocorico : parmi les designers figuraient notre Moebius national, responsable notamment de la conception des costumes et des décors. Syd Mead, le génial designer industriel inventeur des voitures volantes de Blade Runner, récidiva dans Tron avec les motos-lumière, le voilier solaire et le vaisseau du méchant Sark (l'alter ego virtuel de Dillinger).

- L'idée qu'un vrai monde pouvait exister à l'intérieur de mon Pacman, avec ses êtres pensant, ses règles, son grand méchant et qu'il était de surcroît possible d'être projeté au coeur de ce micro-univers via un shot de rayon laser.

- L'autre idée que, dans ce monde, les programmes informatiques étaient à l'image de leur créateur.

- La cool attitude de Jeff Bridges dans le rôle de Flynn. J'ai longtemps rêvé d'être comme lui : patron surdoué d'un club de jeux vidéo avec un bureau super cosy surplombant la salle des consoles ! Argh, triste réalité, quand tu nous rattrapes...

- La musique féérico-synthético-baroque de Wendy Carlos, ainsi que le morceau rock FM "Only solutions" de Journey, figurant sur la B.O et entendu lors de la visite de Lora (Cindy Morgan) et Alan (Bruce Boxleitner) dans les bureaux de Flynn.

- Une multitude de séquences m'avaient traumatisé : la désintégration de Flynn par le MCP (et sa grosse voix burnée), la poursuite en motos-lumières, le jeu de pelote basque en suspension dans le vide, la sublime scène du voilier solaire, le climax du film avec Sark transformé en colosse...



Tron avait fait sensation dans la presse française, y compris généraliste, par son caractère révolutionnaire. Je me souviens d'un long article dans le Figaro Magazine (oui bon, mes parents sont abonnés au Figaro Magazine...) vantant "le premier film entièrement tourné en images de synthèse" ou quelque chose dans ce goût-là. L'article m'avait fasciné, il démarrait par une double page fracassante où s'étalait plein pot la photo de Jeff Bridges avec son casque et son plastron zébrés de circuits électroniques lumineux. Attention, bande annonce !



Filmé en noir et blanc pour ses séquences intra-ordinateur (puis colorisé en post production via différentes techniques qui ne doivent rien à l'image de synthèse), Tron n'était évidemment pas un film "full CGI". Seules les scènes du passage de Flynn dans le monde des jeux vidéo, ainsi qu'une partie des décors et des véhicules de cet univers, furent à l'époque réellement générés par ordinateur. Au vu des standards d'aujourd'hui, ces images font figure d'âge de pierre de l'image de synthèse. Mais tout désuet qu'il paraisse en 2009, Tron irradie d'une poésie, d'une beauté abstraite, d'une élégance et d'une puissance immersive auxquelles tous les Transformers ou Speed Racer du monde ne pourront jamais prétendre une seule nanoseconde.

Certes, j'en parle habité par mes souvenirs d'enfant. Dans 20 ans, les gamins d'aujourd'hui se répandront peut-être en dithyrambes enflammées sur Speed Racer et ces années 2000 magiques pour le cinéma de genre. Tant pis, j'assume et je replonge dans ma mémoire orientée. A l'époque de Tron, les consoles de jeux vidéo commençaient à envahir les salons et, à la récré, c'était à celui qui avait la plus technologiquement avancée - Atari, Mattel, Philips, Coleco... Ce début des années 80 bouillonnait de geysers d'évasion, ère charnière pour la culture geek, époque-creuset d'un renouveau SF triomphant, du Rubick's cube, du rêve de la conquête spatiale pré-catastrophe Challenger et des premiers clips vidéo. Sans oublier, je me répète, le boom commercial des jeux.

Un article du New York Times parut en 1982
rappelait à ce propos que le chiffre d'affaires du Pac Man de Namco (soit 1,2 milliards de dollars de l'époque) était trois fois supérieur aux recettes en salles de Star Wars, alors encore le plus gros succès du cinéma de tous les temps. Côté grand écran, l'an 1982 fut particulièrement charnière avec, l'été même de la sortie de Tron aux USA, d'autres oeuvres matricielles de la culture qui irrigue ce blog : E.T, Poltergeist, The Thing, Star Trek 2, Blade runner...

Le New York Times s'alarmait déjà à l'époque de cette révolution des effets spéciaux générée par Star Wars, voyant en elle le risque d'une démission artistique au profit du simple spectacle. Nicholas Meyer, réalisateur de Star Trek 2 : la colère de Kahn, stigmatisait même l'inclinaison toujours plus forte d'Hollywood en faveur de films sans d'autre argument qu'une suite de cascades ou un casting de stars. Il y voyait là, diantre, une forme de pornographie (j'invente rien c'est écrit ici) ! Pauvre Nicholas, si seulement tu avais su à quoi on aurait droit 25 ans plus tard...

Aux yeux du NYTimes, Tron symbolisait donc cette course à l'imaginaire, ce foisonnement de films fantastiques grand public juvéniles qui tranchaient radicalement avec le jansénisme, la maturité du Nouvel Hollywood des seventies. En même temps, le journal rappelait ce que l'on a un peu trop tendance à oublier : Tron est un film d'auteur, pas une grosse machine commanditée par les studios Disney dans le simple but de vendre des jeux vidéo (même si par la suite, l'adaptation du film sur consoles fit en effet un malheur). Tron fut d'abord et avant tout le pari fou de son réalisateur Steven Lisberger. Un metteur en scène issu de l'animation dont, avant Tron, le seul long métrage était un téléfilm animé produit pour NBC : Animalympics. Lisberger dit avoir imaginé Tron après avoir été fasciné par une courte séquence en image de synthèses conçue par la firme informatique MAGI, qui lui laissa entrevoir le potentiel à venir des computers. Le jeu Pong d'Atari fut aussi, dit-il, une source d'inspiration déterminante pour l'écriture du scénario, dés 1976. A l'origine, Tron devait d'ailleurs être un film animé.

Avec son associé Donald Kushner, Lisberger monta tout un studio d'animation en 1977 dans le seul but de donner vie à Tron. Après avoir été refusé par trois studios (Warner, MGM et Columbia), le projet évolua vers un long métrage live et fut acheté par Disney. Le groupe, visionnaire sur ce coup-là et qui avait déjà démontré son savoir faire en images de synthèse sur Le Trou Noir (remember le générique), fut convaincu par le script et des story boards développés par Lisberger avec l'argent d'Animalympics. Mais il s'agissait d'un vrai risque commercial : le studio s'apprêtait à confier à un total inconnu les rênes d'un gros budget expérimental au scénario truffé de scènes pour lesquelles la technologie restait encore à inventer ! Plusieurs animateurs de Disney refusèrent d'ailleurs de travailler sur Tron, persuadés que le film signerait tôt ou tard l'arrêt de mort de l'animation classique en 2D...



Thomas L. Wilhite, tout jeune directeur de production chez Disney, justifiait de son côté l'entreprise par sa conviction que Tron allait inaugurer l'usage des nouvelles technologies au cinéma. Mais aussi un nouveau genre de 7e art où des personnages virtuels auraient autant le pouvoir de toucher le grand public que des protagonistes de chair et de sang. Trop tôt, beaucoup trop tôt ! Fraichement accueilli par la critique, en France comme aux Etats-Unis, Tron fut un bide en salles. Tout comme Le Trou noir avant lui d'ailleurs, ce qui poussa Disney à mettre un terme provisoire à sa production de long métrages live. L'expérience visionnaire de Steven Lisberger, produite pour une somme allant de 17 millions à 20 millions de dollars selon les sources, ne récolta que 33 millions de dollars de l'époque au box office. Une misère.

Steven Lisberger devint personna non grata et ne tourna quasiment plus rien par la suite - jusqu'à revenir dans la course avec Tron 2.0. Bruce Boxleitner, interprète du double rôle Tron/Alan, vit sa carrière cinéma fauchée en plein vol et resta depuis principalement cantonné à la télévision. Le culte de Tron allait pourtant patiemment faire son chemin dans les consciences des jeunes padawan geeks. Lesquels, une fois parvenus à l'âge adulte, n'hésiteraient pas à revendiquer, comme votre serviteur, l'importance de ce bijou luminescent dans leur patrimoine cinéphilique. Rappelons également que si le film se ramassa, les jeux vidéo sortis dans la foulée, sur arcades et consoles allaient, eux, faire un véritable tabac et engendrèrent un premier foyer important de notoriété.



Aujourd'hui, plus personne ne conteste l'influence majeure de Tron dans la culture populaire, des extravagances numériques des frères Wachowski aux clins d'oeils des techno-freaks de Daft Punk. Quintessence du film nerd/geek/tech (le héros de Chuck conserve l'affiche comme une sainte relique sous verre dans sa chambre), il perdurera sans doute longtemps dans nos imaginaires fertiles pour l'inoubliable voyage qu'il nous proposa de faire au coeur de l'infiniment petit voici déjà 27 ans. Une somptueuse nuit entrelacée de lignes phosphorescentes rouges, bleues, oranges, nimbée d'envoûtants halos visuels et sonores et au coeur de laquelle, malgré tout, vibre le coeur de l'homme contre la machine.

Rendez vous en 2011 pour savoir si la suite se montrera à la hauteur de l'héritage. Perso, j'hésite à prendre les paris...

End of transmission...








dimanche 5 juillet 2009

Special Thanks to Korben

Afternoon, les enragés, c'est encore moi.


Il est 15h03 et, alors même que je n'ai toujours pas déjeuné, je prends juste la peine de remercier officiellement sur ce blog martien le sympathique terrien Korben pour son billet sur Scuds.

Après nos potes de Geek inc., voilà encore un chouette coup de pouce pour notre pitit podcast dont est pas peu fier, d'autant plus que Korben est réputé pour avoir la dent dure quand il aime pas !

N'hésitez pas à faire un tour sur son blog, il dit par ailleurs des choses toujours bien senties sur d'autres sujets que Scuds et le mec a une vraie crédibilité dans la geekoblogosphere.


Allez, je graille un bout et je reviens pour causer un poil du Comic Con frenchy.

End of transmission...

Scuds Real Life : tournage Scuds #7

Salutations, amis terriens. Plissken here.

Et si on glissait un peu de webréalité dans ce blog, mmmmh ??? Alors que la planète entière, et bientôt tout le système solaire, chante les louanges de Scuds, John Plissken vous donne l'occasion de découvrir les coulisses exceptionnelles et spectaculaires d'un tournage de Scuds #7 qui ne le fut pas moins.


Trois Macs, du rhum, des clopes et une cam :
les fondamentaux de Scuds.

Le lieu : dans la tannière parisienne secrète du Old Cuban.
Le jour : vendredi 3 juillet, quelque part dans le temps, entre 22h et 2 heures du matin.
La température : entre 30 et 35 degrés celsius (40 lorsque Fanny, notre productrice monteuse, entama soudainement un flamenco endiablé sur la table basse de nos Macs. La chaleur a fait complètement dérailler la pauvre petite).
Le cadreur : Shadi, pieds nus comme certains autres membres de l'équipe qui partagent son peu d'intérêt pour l'hygiène plantaire.
L'atmosphère : irrespirable.



Shadi, notre cadreur. Ne travaille qu'à la bière et au vin. Et assis. Je désespère de notre belle jeunesse.

Dans quelques jours vous découvrirez le résultat de ce Scuds #7 tourné façon cocotte minute.
On y cause de la saison 5 de Lost, de la récupération agaçante du terme "geek" et de la fascination de Jérome et Arnaud pour les gadgets tech (parce que moi, hein, bof...)

Pour info, les photos de ce post ont été prises avec un Canon IXUS 70 à 7, 1 millions de pixels, acheté en novembre 2007 à l'aéroport de Roissy Charles de Gaulle, juste avant un départ avec trois potes (dont Jérôme) pour Bangkok. Et oui je sais : Osef.

Enfin, sachez que vous pouvez également admirer ces souperbes clichés sur le fil twitter du dit Jérôme : http://twitter.com/jeromekeinborg.


Fanny, monteuse attitrée de Scuds, étrennait ce soir sa casquette de productrice. Une casquette éreintante.


John Plissken et The Old Cuban avant le "roll camera".
On notera leur décontraction phénoménale
malgré l'immense pression d'un tournage de Scuds. Immense !



Jérôme, Arnaud, Shadi not' cadreur et des Macs luisants.
Et vas y que je clope à donf alors que fumer tue (j'invente rien, c'est écrit sur les paquets)
.


John Plissken, géant parmi les géants, doit se pencher
pour entendre les suggestions d'Arnaud le Hobbit (à gche et debout)


Coming next... une petite carte postale du Japan Expo/Comic Con de Villepinte...

End of transmission...