vendredi 23 avril 2010

Kick Ass : le syndrome Jackass



Message d'introduction à toi cher lecteur : malgré mon éternelle et immense admiration pour John Romita Jr, co-auteur du comic book dont le film est tiré, je n'ai pas lu Kick-Ass. Mon avis sera donc totalement découplé de critères basés sur la fidélité ou non du bouzin à l'oeuvre originelle, publiée par Marvel entre 2008 et 2010. Mes critiques s'adressent au long métrage exclusivement, sans savoir si oui ou non l'on retrouve la même "philosophie" dans le comic.


Je n'attendais pas grand chose de ce Kick Ass, au vu des commentaires très mitigés lus ici et là sur Twitter. L'avis particulièrement virulent du Dr No, traitant le résultat - je cite - "d'apologie répugnante de l'auto-défense", ne contribuait pas non plus à ma bienveillance, malgré les nombreuses divergences politiques qui me séparent de mon binôme Tomien. Et pourtant, en m'asseyant vendredi soir dans les confortables fauteuils du MK2 Bibliothèque, en compagnie du camarade Mikanowski, j'espérais toujours une agréable surprise.

Je me voyais même déjà dans quelques mois, ferrailler vaillamment contre le fielleux No sur le supposé "fascisme" du film, renvoyant dans les cordes de sa doxa gauchiste le Docteur dans un futur Tonight On Mars. Mais lorsque les lumières se rallumèrent, quelques deux heures plus tard, ne me restait pour seul sentiment qu'un étrange malaise. Et si No avait raison ? Et si, sous ses dehors de farce trash, fun et cool à l'usage autant de la masse que des geeks, Kick-Ass cachait une nature plus glauque, triste reflet d'une banalisation de la violence et d'un état de nouveau western dans lequel notre société civile s'enlise tragiquement ? Gasp, p'têt ben qu'oui !



Reprenons depuis le début. Comic book estampillé Marvel, via son label creator owned "Icon", Kick Ass est un curieux mélange d'hommage et de satire de l'univers des super héros d'obédience Marvel. Ici, rien à voir avec "l'esprit DC" : exactement comme Stan Lee en a posé les bases avec Spider Man en 1962, le paradigme à l'oeuvre dans Kick-Ass (et donc le film) postule un monde dans lequel le plus commun des mortels peut devenir un super héros. Peter Parker, c'est moi, c'est vous, c'est n'importe quel ado geek ignoré par les filles et rêvant de pouvoir clouer le bec à la brute épaisse qui l'intimide en classe. Rien à voir avec un milliardaire de Gotham ou un alien indestructible veillant sur Metropolis.

Dans les années 60, pour mieux concurrencer DC et ses demi dieux désincarnés (Superman, Batman, Wonder Woman...), Stan Lee et son escouade de francs tireurs du crayon (Ditko et Kirby en tête) créèrent des "super héros du quotidien". De notre quotidien. A l'opposé des icônes majeures made in DC, presque tous les personnages Marvel créés à l'époque sont des quidam victimes des circonstances, de Peter Parker à Matt Murdock en passant par Bruce Banner, Don Blake et toute la clique des mutants de X-Men. Cerise sur le gâteau du "réalisme" des comics Marvel : Lee, en orfèvre du gag référentiel, adorait écrire des épisodes dans lesquels les Fantastic Four, Spider Man ou Iron Man découvraient, consternés, le merchandising éhonté pratiqué sur leur dos par la société. Le train Kick-Ass s'engage sur les mêmes rails du réalisme façon "ça peut aussi vous arriver" et du clin d'oeil complice, tout en calquant son héros sur LE héros Marvel : Spider-Man.

Comme Peter Parker, le Dave Lizewski du film est un lycéen timide (et boutonneux) de New York. Fans de comics rêvant d'un destin meilleur, Dave se plaint aux deux éponges qui lui servent d'ami qu'aujourd'hui, "personne n'a envie de devenir un super héros". Il ne comprend pas, Dave, pourquoi les deux punks du coin continuent d'agir impunément sans que personne ne bouge le petit doigt. Chez Dave, le besoin d'agir autant que d'adopter les poses cool de ses idoles de papier tourne à l'obsession. Hop, tenue vert émeraude commandée sur le Web, un masque, deux bâtons de ninja, une grosse dose de courage et le tour est joué : Dave devient Kick-Ass. Sauf que sa première tentative d'intervention face aux brutes sus-nommées va se solder pour lui par un séjour illico aux urgences. Hé oui : rêver de super fliquer les rues c'est bien gentil, mais faire respecter l'ordre et la loi, c'est un métier assermenté (qui s'appelle agent de police) !



A ce stade, Kick-Ass est plutôt rigolo et ressemble même à une version potache de Watchmen, qui lui aussi déconstruisait, sur un mode adulte, la condition chimérique et toxique de super héros. Dans Watchmen, s'imaginer pouvoir faire justice en solo dans la rue avec un masque se paie très cher et conduit toute une société vers l'apocalypse. La première demi heure de Kick-Ass paraît tenir un discours similaire - "voilà ce qui arrive quand on veut jouer au super héros". Sauf que là où le récit de Gibbons et Moore pilonnait jusqu'au bout le mythe super héroïque, Kick-Ass embraye alors sur un chemin glorifiant, au final, le passage à l'acte. Protégé par l'alibi potache, le scénario fait alors passer des idées absolument terrifiantes.

En cours de film, Dave croise le chemin de deux "vrais" super héros : Big Daddy et sa gamine de onze ans, Mindy, alias Hit Girl. Big Daddy est un ancien flic déchu, ivre de vengeance contre le mafieux Frank D'Amico (Mark Strong, excellent) qui l'a fait enfermer en prison pendant cinq ans. Parce que sa femme est morte durant son incarcération, Big Daddy élève seul Mindy, en totale autarcie et fait d'elle une petite machine à tuer, experte mortelle dans n'importe quelle arme. L'entraînement de Hit Girl consiste, entre autre, à se faire tirer dessus à bout portant par son papa (protégée par un pare-balles). Le business de nos deux associés consiste à exterminer du truand, particulièrement si ce dernier a un lien avec D'Amico. Ce tandem de vigilantes père et fille a quelque chose de profondément gênant mais à aucun moment, si ce n'est au détour d'une réplique lâchée par l'ex-coéquipier flic de Big Daddy, son mode de vie n'est remis en cause. Plus tard, la dite Hit Girl tire Kick-Ass d'un mauvais pas en massacrant sans pitié les agresseurs. Plus tard encore, capturés par la bande à D'Amico, Kick Ass et Big Daddy seront torturés et leur supplice retransmis sur le web, pour l'exemple.

Je sais : tout celà est du 15e degré,
de la provoc' politiquement incorrecte, rien n'est à prendre au sérieux et j'ai perdu mon sens de l'humour. Peut-être. Peut-être aussi suis-je trop âgé pour marcher dans la combine. Voir une gamine haute comme trois pommes, flingue ou sabre en pogne, trucider du malfrat sans plus d'émotion qu'un Terminator, ça ne me fait pas rire. Voir la dite enfant se faire éclater le minois et valdinguer comme une poupée de chiffon par le méchant dans le fight final, ça ne me fait pas rire non plus. Encore moins observer la torture complaisamment montrée de deux personnages, dont l'un d'eux finira carbonisé au terme d'une longue agonie.

Certes, le film nous montre à ce moment précis le prix à payer pour jouer les héros... mais au final , l'épreuve renforcera d'autant plus Kick-Ass dans ses convictions. Il y a dans ce trip malsain une incohérence de ton, un mix bizarre entre le fun du début et le tragique de ce qui suit, avant de renouer avec un second degré pas vraiment drôle dans le dernier acte. Le message final semblant surnager de cette sinistre farce n'adoucit pas le malaise : toi aussi tu peux devenir un super héros et t'adonner à l'auto-défense, c'est fun et en plus tu deviens une star sur Myspace ! Au moins, dans Jackass, Johnny Knoxville nous prévenait qu'il ne fallait surtout pas tenter de reproduire ses conneries...



La grande laideur visuelle de Kick-Ass, baignant tout du long dans une image surexposée assez dégueulasse, n'arrange rien. Tout comme un script balourd au rythme inégal et aux sous-intrigues ineptes (la love story entre Dave et Katie...), malgré quelques répliques et gags visuels bien sentis. A l'arrivée, Kick-Ass est un bien curieux objet filmique. Pas inintéressant dans son caractère symptomatique d'une époque (banalisation de la violence, obsession de la gloire sur le web, popularité de la culture geek...). Ni dans son ciblage marketing, malin, visant à la fois les geeks friands de clins d'oeil et le grand public peu porté sur cet univers (on rit aussi beaucoup sur le dos des super héros).

Pour autant, j'ai vécu avec ce film une expérience désagréable, où la gêne et le malaise l'ont largement emporté sur quelques sourires ici et là. Pour une fois, je partage l'avis des grands studios qui ont refusé de financer ce cirque dégénéré et moralement irresponsable, jouant avec les notions de vie et de mort comme on clique sur Chatroulette. Un Kick Ass 2 verra le jour. Tant mieux pour les fans. Mais ce sera sans moi et je n'ai ce soir qu'une hâte : me laver de cette pantalonnade en prenant mon pied devant Iron Man 2. Comme dirait l'agent Murtaugh, I'm too old for this shit...






End of transmission...`

Kick Ass, de Matthew Vaughn. Durée : 1h57. En salles depuis le 21 avril.

20 commentaires:

Nicolas a dit…

Tu m'as encore plus donner envie de le voir :D
J'irais mardi, mais le grand rendez vous c'est jeudi pour moi, le film, pas besoin de préciser je pense...

IDO a dit…

personnellement, je trouve que la moralité de "Kick Ass"vaut bien celle de "Inglourious Basterds" ou "Leon".

John Plissken a dit…

C'est un vrai débat, et figure toi que j'ai beaucoup songé à Inglourious Basterds en écrivant cette review. Le film de Tarantino (pour Leon n'est pas un film, juste une merde) m'a posé des soucis de moralité également. Mais.... le génie du réal l'a emporté sur le reste et bizarrement, pour une raison que je ne saurais expliquer maintenant (il est un peu tard là), je trouve Kick-Ass plus nocif... Et surtout bien plus médiocre en tant que film.

iztkombi1 a dit…

"Protégé par l'alibi potache, le scénario fait alors passer des idées absolument terrifiantes."

De spécifier que le scénario à besoin d'un alibi, montre bien que tu insinues que de passer certaines idées est le but principal de ce film.

D'où vient cette maladie ? Cette maladie qui traine de plus en plus et qui conditionne les gens à penser que chaque oeuvre (cinématographique, littéraire, ...), parole ou acte sert à faire passer des idées sous-jacentes ou à endoctriner.
Serait-ce une mode ?
Pourquoi les gens n'arrivent plus à se contenter d'apprécier une oeuvre sans lui attribué un sens caché ?

La société est comme elle est. Faire sa loi soit-même est puni.
Le crime ne l'est pas tout le temps.
La course à la célébrité, c'est pas nouveau, et c'est malsain.
Les geeks sont à la mode, et personnellement ça me fait chier.
Des gens se font défoncer leur porte parce qu'ils ont exigé du silence dans leur résidence.
Tout ce qui est dans ce film, est d'actualité, c'est malsain, ok, mais ça existe depuis bien avant la sortie du comic/film.
Et parce que c'est "terrifiant" il ne faut pas en parler ?
Ce film est un divertissement, qui peu ne pas plaire car on ne rigole pas tous des mêmes choses (encore heureux), mais c'est un divertissement. Et je trouve au contraire ,que dans son grand n'importe quoi,il a quand même le mérite d'essayer de moraliser un minimum en montrant que si tu te déguise comme un connard pour aller tabasser du voyou, bah t'as des chances de finir a l'hosto.
Quand on va voir Kick-Ass on va pas voir un documentaire, on va voir un divertissement.
Je trouve qu'y voir une apologie de ces pratiques est très sérieusement abusé.
Couper des têtes pour être The Last One est le meilleur moyen pour que tout se finnisse bien #Highlander
Tuer les gens par l'exemple du pêcher dans un jeu malsain, et obtenir exactement ce que l'on veut #Seven
et il y plein d'autres exemples comme ceux-ci.

Je pourrais partir très loin sur ce thème mais je pense que mon avis est assez clair sur le fond ^^

Sur la forme, j'ai aimé la saturation des couleurs, l'hemoglobine, les chorégraphies des combats. Voir que lors de son premier combat, Kick-Ass n'est pas devenu un AS du bourrinage vu que 90% de ses coups son destructurés et ne portent pas ... J'ai aimé les musiques, j'ai aimé voir les heros s'en prendre pleins la gueule, j'ai pas trop accroché aux différents acteurs mis à part le boss des vilains.

En gros j'ai presque tout aimé dans ce film. Ainsi que dans le comic. Déçu que Dr NO soit du même avis que toi, j'aurais aimé voir un débat sur ces thèmes dans TOM !!! #SCUDS ?

Voilou, je suis parti loin, mais ce sont des thèmes qui méritent bien plus de temps pour être traités !!

P.S : La flemme de corriger les fautes ... Désolé

sheppard a dit…

Même si c'est assez éloigné, Inglorious Basterds se passe tout de même en temps de guerre. Kick Ass pas, ou alors j'ai raté un truc.

IDO a dit…

sheppard… parce que la violence n'existe qu'en temps de guerre ?
Il me semble avoir entendu parlé d'un toulousain qui serait mort en allant supporter un simple match de foot.
Il faut croire que tu as raté au moins un truc, en effet.

grena a dit…

Bon d'avance je n'ai pas une superbe maitrise des mots, mais j'espère que je vais être compréhensible !
Personnellement je suis ressorti de Kick-Ass assez mal à l'aise aussi, ce qui ne m'a pas empeché de rire grassement pendant les scènes sanglantes d'Hit Girl. Je suis d'accord avec toi sur le côté malsain des personnages (Big Daddy et même Kick Ass), mais ce n'est pas le même genre qu'un Sin City ou Inglorious, je n'arrive pas franchement à trancher sur ce qui me dérange dans Kick Ass. Oui la torture pour moi va trop loin, on est gêné, c'est trop long - d'ailleurs le rythme très inégal que tu soulignes n'arrange rien - et ça casse un peu l'ambiance 2nd degré générale du film qui pour le coup essaie de faire la morale, totalement effacée derrière la force et la brutalité de l'image, ce n'est pas du tout adapté à ce film et cela devient désagréable.

Les relations entre les personnages sont pour moi une catastrophe, ça ne va pas très loin et les dialogues sont minables - mais je n'y allais pas pour ça, heureusement.
Pour le visuel du film, les couleurs ne m'ont pas trop dérangée, mais aucun plan n'est vraiment recherché et jouissif, c'est dommage, il y a des scènes exploitables (le couloir de fin, l'entrepot, et autres). Je n'ai pas aimé la bande son, je n'ai pas aimé les bruitages.

Je ne pense pas qu'il y ai réellement de message, ce serait chercher l'embrouille à un film que l'on a pas aimé, ou alors effectivement il y a une morale et elle est étouffée par la facilité de faire du trashos immorale qui, quand mal réalisé, devient muet et inutile.

Oui il y a de la violence dans notre société. Mais personnellement je n'ai pas envie de la voir proliférer dans mes films de 'divertissement'.

MrCorbak a dit…

Ouarf lire que derrière une oeuvre, il n'y a pas forcément de sens, c'est quand même dur. De n'importe quelle manière, la créativité est une forme d'exression, dire qu'elle n'a aucun sens s'est retirer l'idée même d'évolution, d'histoire ou même d'expérience. Quelqu'un disait on peut rire de tout mais pas avec tout le monde, un film jeune public se doit de conserver certaines limites en tête.
Si ca reste en tête je vois le film d'un bien meilleur oeil.

iztkombi1 a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
iztkombi1 a dit…

" la créativité est une forme d'exression"

Sauf qu'il n'y à aucune créativité dans ce film vu qu'il s'agit d'une adaptation. Et aussi proche soit-elle du matériel original il y à forcement déformation des soit-disantes idées qui se veulent véhiculées par ce film

Edit : Apres relecture je me suis mal exprimé, je ne sous entends pas que TOUTES les adaptations ne sont pas créatives. Je dis juste qu'adapter, c'est modifier un minimum et que cette modification dépend forcement de celui qui rends la copie finale et s'éloigne donc du scénario original.

Et je ne vois pas ce qui te fait dire que c'est un film destiné aux teenagers , à moins que j'ai loupé un épisode ... :)!?

liohornet a dit…

Woaw cette critique de Kick-Ass a du succès et délie des langues ^^ je dirais tant mieux...
Je n'est pas vu le film mais lu le comics récemment donc ta critique sur les plans la surexposition ne pourrons pas être débattue avec moi et connaissant ton expertise sur le sujet je pense que tu as surement raison (même si je pense que ça reste des choix fait par le réalisateur pour garder l'aspect irréelle de l'histoire, un comme shaun of the dead, mais comme je l'ai dit auparavant je n'ai pas vu le film ^^)...
Mais j'ai lu a peu près les mêmes critiques que celle que,tu viens de faire sur l'œuvre de Millar/Romita (qui sont traités pour le coup de fainéant)que le comic ne propose que de la provocation et de la violence sans aucune valeur ajouté (a savoir que je ne suis absolument pas d'accord avec ça ^^).
En gros je m'attends a un film dérangeant par la relation Pere/fille "badass" et la violence gratuite une réalisation saturée un coté comique (et non comic quoique ;D) Je m'attends donc a un film divertissant a souhait...


Ps: Super critique,on voit bien que tu as passé du temps a la faire... En tout cas bravo !!! Comme d'habitude c'est du bon boulot...

Re Ps: J'écris ce commentaire au lever sans avoir pris un café, la structure des phrases, le sens voire l'orthographe s'en ressent surement... mais là j'ai la flemme de me relire

Unknown a dit…

Etrange analyse...
Je pense qu'on a tous vu le même film, mais pas avec les mêmes yeux.

Rien que le fait d'écrire que le film n'est pas si drôle que ça et que le fait qu'il mette mal à l'aise serait synonyme d'échec suppose que vous vous attendiez à voir un film drôle, potache, un film d'ado marketé geek. Bravo, vous avez êtes tombé dans le panneau de la bande-annonce et de l'affiche du film. Car si le film a été vendu au grand public et aux faux geeks comme un divertissement bon enfant, il est beaucoup plus que ça.

Moi aussi j'ai été mal à l'aise pendant le film, et j'ai aimé ça. J'ai même failli lâcher une larme ou deux en voyant certains miroirs de notre vie "moderne", notamment la violence banalisée et l'utilisation qu'on fait d'internet. Je ne vois pas à quel moment le film suppose qu'on peut tous devenir des super-héros : Dave n'a rien d'un super héros, il se fait tabasser pendant tout le film et il n'y a bien que pendant la scène finale qu'il sert à quelque chose. Red Myst n'est pas un super héros, juste un super méchant en devenir. Quant à Hit Girl et Big Daddy, c'est la soif de vengeance et l'argent qui leur a donné leurs supers pouvoirs, et ceux-ci ressemblent plus à des serial killer ou des fous qu'à des super héros.

Mais comme le souligne certains, il s'agit aussi d'un divertissement. On rit, un peu, on apprécie les chorégraphies, beaucoup, et à la fin les méchants perdent, heureusement sinon le film aurait vraiment fini de me déprimer.

Le mélange message/divertissement de Kick-Ass a parfaitement fonctionné pour moi. J'ai été heureux d'y lire ce que j'y ai lu, et heureux d'avoir passé un bon moment avec des personnages très travaillés et attachants.
J'espère juste que cette "licence" ne sera pas pourrie jusqu'à la moelle par la suite.

Issman a dit…

tout d'abord bonne critique , on voit que tu as pris de ton temps par contre j'ai plusieurs petits reproches .
Premièrement je trouve que tu dévoiles trop le film pour des personnes ne l'ayant pas encore vue , même si ce n'est pas le scénario qui fait le coeur de ce film .
Ensuite personnellement je ne suis pas un adepte des film d'horreur ou juste trash pour être trash , les SAW et autres ne m'intéresses pas et je n'y voit qu'une apologie de la violence gratuite .
Hors là je prolongerais volontiers le liens déjà établie entre kick ass et par exemple inglourious basterds.
Je trouve la violence utilisé avec panache et humour. Toutes les scènes de combats sont caricaturale et volontairement pousser à l'extrême , la bande son est quand à elle assez "joyeuse" ce qui contraste bien avec la dureté des images .
Après les couleurs donne un esprit BD comics qui permet encore plus de ce détaché , de prendre ce recule nécessaire à la compréhension du film.

Pour moi ce film est un caricature des adaptations ciné de comics qu'on a vue fleurir ces 10 dernières année plutôt réussi , je me suis surpris a rire en même temps que toutes une salle , ce qui en m'étais pas arriver depuis longtemps.
Ce film est du 2nd voir 3nd degré (une sort de scary movie trash version comics ?? ) et il faut le prendre comme tel .

Sinon vivement que j'aille voir iron man 2 et surtout Robin des Bois que j'attend vraiment avec impatience .

stif a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
stif a dit…

Je n'ai pas vu le film, je ne sais pas si j'aurai l'occasion de le voir, cependant une chose est certaine : en lisant ta critique je me dis que l'accouchement a dû être douloureux.

Une seule et bonne raison à cela : Plissken lui-même. Oui, maintenant que l'on connait un peu l'aminche, on sait que l'homme est pétri de principes moraux. Ethique n'est pas un vain mot dans la bouche de John.

Et sachant qu'il est déjà risqué d'axer une critique sur des jugements moraux, ça le devient encore plus lorsque l'on est soi-même en questionnement permanent face à l'effritement ce ces valeurs dans le monde qui nous entoure.

Bref, pour conclure, j'ai envie de dire que de tous les billets que tu as publiés sur ton blog, celui-ci est peut-être le plus personnel, celui qui en dit le plus long sur toi. Et de ce point de vue c'est aussi peut-être le plus intéressant, parce qu'il laisse transparaitre, au travers de certaines maladresses stylistiques, un inconfort certain de se dévoiler plus qu'à son habitude.

Yohann a dit…

Très bonne critique comme toujours mais...

Pour ma part, et quand je vais voir un film, je vais voir un film.

Ok ça fait passer l'auto-défense pour un truc cool. Allons tataner du méchant tous en cœur !

Mais ça reste un film.

Il y a une différence à faire entre le virtuel cinématographique et le réel, notre vie.

C'est comme pour les jeux vidéo ou d'autres films comme Inglourious Basterds. On joue à tuer et voler des voitures dans GTA, c'est juste un jeu ! On mate une gamine trucider du vilain dans Kick Ass, c'est juste un film !

Certains films véhiculent des idées et des idéologies que je n'apprécie guère (Prémonitions par exemple, hymne à la scientologie) mais d'autres comme Kick Ass ou Inglourious doivent se voir comme de purs films de cinéma.

En tout cas c'est ce que je pense.

Martin a dit…

"une apologie de l'auto défense"
C'est bizarre, j'ai pas vu Charlton Heston dans ce film pourtant...

J'aimerais bien savoir qui à envie d'enfiler un costume pour aller se battre avec des voyous dans la rue après avoir vu ce film.

Pendant tout le film, le héros s'en prend plein la gueule, et manque de mourir plusieurs fois si il n'avait pas été sauvé par le duo de choc hit girl / big daddy.

Et j'ai trouvé ça jouissif de voir une gamine de 11ans défoncer des gros vilains façon john woo. Et je devrais me sentir mal à l'aise?
Je n'y vois rien de malsain, comme tu le dis, c'est du 15ème degré, et faut savoir le saisir.
J'ai kiffé voir Uma Thurman découper du yakusa en rondelle, est ce pour autant que je suis allé m'acheté un katana?

PS : excellente review, même si je ne suis pas d'accord :).
Par contre :
"faire respecter l'ordre et la loi, c'est un métier assermenté (qui s'appelle agent de police)" et "Au moins, dans Jackass, Johnny Knoxville nous prévenait qu'il ne fallait surtout pas tenter de reproduire ses conneries...", je trouve ça totalement hors propos. Dans ce cas la tu nous ressort ces phrases à ta prochaine review d'iron man, de baman etc...
En quoi spiderman est il plus légitime à faire régner l'ordre sur la ville que kick-ass? En rien.

Et rien ne nous dit que c'est super cool de devenir un super-héros. Toutes les scènes ou il devient une star sur internet sont nuancés par les scènes de tortures, de branlée qu'il se prend et même de l'imitateur tué dans une ruelle. Voilà ce qui arrive quand on joue au super héros quand on à pas de pouvoir.

Gilles Da Costa a dit…

Très belle critique, comme d'hab.

Par contre, au risque d'en rajouter une couche, je ne comprends pas comment Kick Ass peut être assimilé à une apologie de l'auto-défense. Ce film est à te dégouter d'avoir un jour fantasmé de devenir un vigilante.

Tout les mecs qui bandent devant les films de Seagal ou Bronson en se disant que ça doit être bon de se faire justice devraient mater ce film pour comprendre que quand on fait son badboy en se fritant à un contre 10, tout ce qu'on gagne c'est un coup de couteau dans le bide, un coup de genoux dans les couilles et un lit d'hosto.

Pour moi des films comme "Chiens de paille" par exemple sont des films moralement limites. Le métrage est un chef d'œuvre mais la réflexion derrière est à gerber. Peckinpah a toujours joué avec avec la vengeance comme exutoire et a souvent glorifié le do it yourself quitte a embrouillé l'esprit de ses spectateurs. Ça, je trouve ça dangereux.

Mais un psychopathe qui se déguise en batman et élève sa fille comme une machine à tuer en lui tirant dessus et lui offrant des armes blanches pour son anniversaire, je doute que beaucoup de gens arrivent à s'identifier à ce genre de mec.

Pour finir, je pense qu'on peut qualifier le film de simplet, d'immature, de mauvais gout, de politiquement incorrect. Mais je doute qu'on puisse le voir comme un publicité pour l'auto défense.

En tout cas, encore une fois, très intéressant de débattre de tout ça.

stif a dit…

ok les mecs, j'ai vu le film et là je ne vais pas mettre ma langue dans ma poche : ça fait très très longtemps que je n'avais pas vu une telle merde. Avatar, que je déteste, est à côté un foutu chef d'oeuvre, ça vous donne une idée de ce que j'ai ressenti devant cette bouse.

Ok, je ne vais pas y aller par quatre chemins : si on devait décerner l'oscar du film post-moderne, kick ass l'emporterait haut la main. Et là il faut bien comprendre ce qu'est la post-modernité pour entendre mes paroles. Il s'agit d'une époque dans laquelle plus rien n'a de valeur, une époque où plus rien n'a d'importance.

Comprenons-nous bien. Que ce soit d'un point de vue esthétique, narratif ou moral, kick ass n'a aucun fondement. Pour oser une comparaison, kick ass au cinéma ce que le gloubi boulga est à la gastronomie : un mélange infâme de tout et n'importe quoi.

En vérité, je vous le dis -j'aime bien les tournures bibliques- ce film n'est rien que du vulgaire racolage pour geeks décérébrés. Vas-y que je te colle des ref à droite et à gauche, vas-y que je te fais une pitoyable séquence en vue subjective façon call of duty, vas-y que je te colle un ou deux morceaux punk pour tous les énervés du bulbe.

Et je ne parle même pas de l'ultra violence des images. Dire que le résultat est malsain est encore un foutu euphémisme. Ce film est tout simplement nauséabond.

Bref, j'aurais tant à dire sur cette espèce d'horreur qu'il me faudrait probablement plusieurs pages. Je vais donc m'arrêter là, non sans dire auparavant que les mecs, si vous avez aimé ce film, vous me faites vraiment peur.

Kah a dit…

Je vais pas m'amuser à défendre Kick Ass (que j'ai adoré) j'écris pas assez bien pour.

J'aurais juste voulu donner très rapidement mon avis sur deux points : la moral et la violence.

La moral je vais pas la chercher dans les films ou les bouquins mais dans la vrai vie. "C'est pas bien Big D. entraine sa fille pour tuer des gens" franchement je suis devant un film, une fiction, pas une seconde je me dit "faire sa en vrai c'est pas bien :-(".

La violence. J'ai du voir trop de snuff movie après 10 ans de web parce que j'ai pas été une seconde choqué par la pseudo violence du film. Je vais voir un spectacle et contrairement à ce que dit John P. c'est pas du 15e degré mais du 100e degré.

Désolé de pas construire l'argumentation il est tard et je suis pas doué pour sa :p