Hola aminchkis, Plissken speaking...
C'était donc hier, à 17h15, dans la somptueuse salle 500 du Forum des images, au Forum des Halles de Paris.
L'Etrange Festival, béni soit-il, offrait à l'assistance massivement présente (y avait même des gens debout) la première projection publique française de Moon, premier film de Duncan Jones, qui n'est autre que fils de David Bowie. Hé oui. On ne manquera d'ailleurs pas de s'amuser du fait que dans sa chanson Space oddity, en 1969, papa Bowie parlait déjà d'un astronaute dépressif...
Projeté dans le cadre du marché du film au dernier festival de Cannes, Moon fait sensation depuis quelques mois dans les festivals qui l'ont accueilli (dont Tribeca) et trimballe sa réputation de petite perle de SF à nanobudget (à peine 5 millions de dollars).
Produit par Trudie Styler (l'épouse de Sting. Si !), Moon m'a d'abord un peu emmerdé. C'est d'ailleurs la première réflexion qui m'est venu à l'esprit au moment du générique de fin, nimbé des hypnotiques et inquiétantes notes au piano de Clint Mansell, le compositeur. "C'était un peu chiant !" Et en effet, mieux vaut aborder Moon en s'armant de patience devant la pesanteur de ce premier film, pourtant court (1h30), mais qui prend le temps de nous immerger dans la solitude de son héros, l'astronaute Sam Bell (Sam Rockwell, épatant). Donc, oui, Moon se meut mollement et aurait peut être gagné à raccourcir, compte tenu d'un argument qui sied peut être mieux à un moyen métrage. Mais une, deux ou trois heures après son générique de fin, Moon continue de vous trotter dans la tête. De susciter mille questions sur sa thématique prenante. De vous faire repenser à ses passages les plus marquants, son atmosphère oppressante, ses plans d'effets spéciaux étonnants et le tragique destin de son personnage principal. Et ce matin au réveil, j'avais encore la musique du film en tête.
Moon se déroule dans un "futur proche" et démarre par un petit vrai-faux film publicitaire. Le consortium Lunar Industries nous explique avoir trouvé la solution miracle pour palier à la raréfaction des ressources terrestres : le minerai "Helium 3", source d'énergie éco-compatible trouvée en abondance sur la Lune et que Lunar exploite en situation de monopole. Fin de la pub. Là haut, un seul humain, Sam Bell, est chargé de veiller au bon fonctionnement de la base de Sarrang et d'envoyer régulièrement vers la Terre les cargaisons d'Helium 3, récoltées par quatre grandes moissonneuses lunaires.
Sam n'est plus qu'à deux semaines de la fin de son contrat de trois ans et il était temps. A cause d'un satellite HS suite à une éruption solaire, les communications en direct avec la Terre sont impossibles. Sam n'a de nouvelles de sa femme Tess et de sa fille Eve que par l'intermédiaire de vidéos enregistrées. Son seul compagnon sur la Lune est le super-ordinateur Gerty (derrière la voix duquel se cache Kevin Spacey), qui l'aide au quotidien dans la maintenance du site. La solitude de Sam semble lui peser au point que sa santé physique et mentale commence à se détériorer lentement... jusqu'à ce qu'à la suite d'un accident, Sam se réveille et découvre un intrus dans la base : lui-même.
Quelle est l'explication de ce mystère ? C'est toute la question posée par Moon (et il y a une réponse, je vous rassure)
Voilà un film qui va certainement plaire aux frères Bazz (voir Scuds 3 ;-)). Avec Moon, Duncan Jones plonge tête la première dans la "Hard Sci-Fi", aux antipodes des space opera somptuaires et flashy de messieurs Lucas ou Abrams.
Et là vous me direz : il reste un cratère (ok, bad private joke copyright Les Nuls)... Je la refais : et là vous me direz : normal le minimalisme, pour un budget aussi rikiki, pas le choix. Certes, mais l'option relève tout autant d'un vrai choix artistique. Les références sont ici on ne peut plus claires : 2001, Silent Running, Outland, Solaris et... Blade Runner. Cinq oeuvres majeures de la SF qui suintent le réalisme et, pour quatre d'entre elles, privilégient l'introspection psychologique, malgré leur beauté formelle, aux effets de manche scénaristiques. Cinq bornes du genre auxquelles Duncan Jones, co-auteur du scénario, emprunte les thèmes et la direction artistique de Moon. Un film qui lui aussi se refuse à verser dans le rollercoaster pour mieux épouser l'ambiance lourde, recluse et mortifère du quotidien de Sam Bell.
De quasiment toutes les scènes, Sam Rockwell, lutin polymorphe vu dans plein de films que je kiffe (Charlie et ses drôles de dames, Galaxy Quest, Matchstick Men, Frost/Nixon... et bientôt Iron Man 2), livre une performance ahurissante et, à mesure que l'histoire progresse, réellement touchante. Impossible de ne pas comparer son personnage à celui qu'incarnait Bruce Dern dans Silent Running, film avec lequel Moon partage la même ambiance dépressive.
Au final, on ressort de Moon avec un sentiment mitigé. Irrigué par une foule d'idées brillantes et une pure ambiance de SF seventies via son superbe scope, le film souffre du syndrome Jarhead : à force de si bien décrire la monotonie d'un quotidien aliénant, Duncan Jones nous fait hélas ressentir les mêmes sensations que son héros. Coincé dans son refus du spectaculaire, son film gâche hélas en partie l'impact de son twist final par un traitement en sourdine, sans réel sentiment de crescendo dramatique. Curieusement, le plaisir vient davantage post-projection, en repensant aux implications de la révélation finale, un peu selon le principe d'un Sixième sens ou de Fight Club (pas de panique, je n'ai RIEN spoilé !).
Sans parler de coup de maître, Moon est certainement une oeuvre attachante et ambitieuse malgré ses défauts. Elle marque, espérons le, les débuts d'un futur grand talent de la science-fiction.
On attend toujours une date de sortie de la part du distributeur français, ce qui ne saurait tarder.
Encore bravo à L'Etrange Festival pour cette projection en avant-première !
End of transmission...
L'Etrange Festival, béni soit-il, offrait à l'assistance massivement présente (y avait même des gens debout) la première projection publique française de Moon, premier film de Duncan Jones, qui n'est autre que fils de David Bowie. Hé oui. On ne manquera d'ailleurs pas de s'amuser du fait que dans sa chanson Space oddity, en 1969, papa Bowie parlait déjà d'un astronaute dépressif...
Projeté dans le cadre du marché du film au dernier festival de Cannes, Moon fait sensation depuis quelques mois dans les festivals qui l'ont accueilli (dont Tribeca) et trimballe sa réputation de petite perle de SF à nanobudget (à peine 5 millions de dollars).
Produit par Trudie Styler (l'épouse de Sting. Si !), Moon m'a d'abord un peu emmerdé. C'est d'ailleurs la première réflexion qui m'est venu à l'esprit au moment du générique de fin, nimbé des hypnotiques et inquiétantes notes au piano de Clint Mansell, le compositeur. "C'était un peu chiant !" Et en effet, mieux vaut aborder Moon en s'armant de patience devant la pesanteur de ce premier film, pourtant court (1h30), mais qui prend le temps de nous immerger dans la solitude de son héros, l'astronaute Sam Bell (Sam Rockwell, épatant). Donc, oui, Moon se meut mollement et aurait peut être gagné à raccourcir, compte tenu d'un argument qui sied peut être mieux à un moyen métrage. Mais une, deux ou trois heures après son générique de fin, Moon continue de vous trotter dans la tête. De susciter mille questions sur sa thématique prenante. De vous faire repenser à ses passages les plus marquants, son atmosphère oppressante, ses plans d'effets spéciaux étonnants et le tragique destin de son personnage principal. Et ce matin au réveil, j'avais encore la musique du film en tête.
Moon se déroule dans un "futur proche" et démarre par un petit vrai-faux film publicitaire. Le consortium Lunar Industries nous explique avoir trouvé la solution miracle pour palier à la raréfaction des ressources terrestres : le minerai "Helium 3", source d'énergie éco-compatible trouvée en abondance sur la Lune et que Lunar exploite en situation de monopole. Fin de la pub. Là haut, un seul humain, Sam Bell, est chargé de veiller au bon fonctionnement de la base de Sarrang et d'envoyer régulièrement vers la Terre les cargaisons d'Helium 3, récoltées par quatre grandes moissonneuses lunaires.
Sam n'est plus qu'à deux semaines de la fin de son contrat de trois ans et il était temps. A cause d'un satellite HS suite à une éruption solaire, les communications en direct avec la Terre sont impossibles. Sam n'a de nouvelles de sa femme Tess et de sa fille Eve que par l'intermédiaire de vidéos enregistrées. Son seul compagnon sur la Lune est le super-ordinateur Gerty (derrière la voix duquel se cache Kevin Spacey), qui l'aide au quotidien dans la maintenance du site. La solitude de Sam semble lui peser au point que sa santé physique et mentale commence à se détériorer lentement... jusqu'à ce qu'à la suite d'un accident, Sam se réveille et découvre un intrus dans la base : lui-même.
Quelle est l'explication de ce mystère ? C'est toute la question posée par Moon (et il y a une réponse, je vous rassure)
Voilà un film qui va certainement plaire aux frères Bazz (voir Scuds 3 ;-)). Avec Moon, Duncan Jones plonge tête la première dans la "Hard Sci-Fi", aux antipodes des space opera somptuaires et flashy de messieurs Lucas ou Abrams.
Et là vous me direz : il reste un cratère (ok, bad private joke copyright Les Nuls)... Je la refais : et là vous me direz : normal le minimalisme, pour un budget aussi rikiki, pas le choix. Certes, mais l'option relève tout autant d'un vrai choix artistique. Les références sont ici on ne peut plus claires : 2001, Silent Running, Outland, Solaris et... Blade Runner. Cinq oeuvres majeures de la SF qui suintent le réalisme et, pour quatre d'entre elles, privilégient l'introspection psychologique, malgré leur beauté formelle, aux effets de manche scénaristiques. Cinq bornes du genre auxquelles Duncan Jones, co-auteur du scénario, emprunte les thèmes et la direction artistique de Moon. Un film qui lui aussi se refuse à verser dans le rollercoaster pour mieux épouser l'ambiance lourde, recluse et mortifère du quotidien de Sam Bell.
De quasiment toutes les scènes, Sam Rockwell, lutin polymorphe vu dans plein de films que je kiffe (Charlie et ses drôles de dames, Galaxy Quest, Matchstick Men, Frost/Nixon... et bientôt Iron Man 2), livre une performance ahurissante et, à mesure que l'histoire progresse, réellement touchante. Impossible de ne pas comparer son personnage à celui qu'incarnait Bruce Dern dans Silent Running, film avec lequel Moon partage la même ambiance dépressive.
Au final, on ressort de Moon avec un sentiment mitigé. Irrigué par une foule d'idées brillantes et une pure ambiance de SF seventies via son superbe scope, le film souffre du syndrome Jarhead : à force de si bien décrire la monotonie d'un quotidien aliénant, Duncan Jones nous fait hélas ressentir les mêmes sensations que son héros. Coincé dans son refus du spectaculaire, son film gâche hélas en partie l'impact de son twist final par un traitement en sourdine, sans réel sentiment de crescendo dramatique. Curieusement, le plaisir vient davantage post-projection, en repensant aux implications de la révélation finale, un peu selon le principe d'un Sixième sens ou de Fight Club (pas de panique, je n'ai RIEN spoilé !).
Sans parler de coup de maître, Moon est certainement une oeuvre attachante et ambitieuse malgré ses défauts. Elle marque, espérons le, les débuts d'un futur grand talent de la science-fiction.
On attend toujours une date de sortie de la part du distributeur français, ce qui ne saurait tarder.
Encore bravo à L'Etrange Festival pour cette projection en avant-première !
End of transmission...
4 commentaires:
Bravo pour ta critique écrite le lendemain de la projo, on dirait que t'as repris du poil de la bête.
En ce qui me concerne, j'irai voir la chose dès sa sortie, c'est une certitude d'autant que j'aime les brain movies sf, je me suis rematé Sunshine hier, c'est esthétiquement super réussi, même si le film a des défauts.
Merci rocker engagé... pardon enragé... ho et puis les deux en fait !
Disons que depuis un mois, je ne suis pas dans les meilleures conditions pour tenir un blog régulièrement et fréquemment. Mais je fais de mon mieux, pal...
Concernant, c'est certainement un film que je recommande d'aller voir, malgré mes réserves sur le rythme.
En même temps, les films dont Moon s'inspire ne sont pas non plus des exemples de vitesse.
Du coup ta critique ne fait que conforté ma première impression après avoir vu la BA, je sens que je vais bien aimé ce film.
J'ignorais que Duncan fusse le fils de David. Mais sachant cela, ça ne m'étonne guerre qu'il ait choisi la SF comme terrain d'expression. Son père venant du futur, c'est en quelque sorte dans les gênes...
Mais LOL "il reste un cratère !" : c'est malin, j'en ai craché mon bol de café sur la moitié de la table !!! Note pour plus tard, ne plus lire le blog au plisslen le matin au réveil ;-)
rhhha un film qui touille le cerveau bien après la projo, j'aime ! J'avais eu cette impression après solaris que tu cites justement, avec cette petite musique sui trotte dans le coin de la tête.
Vivement un distribution francaise, sinon ben ce sera DAns Ton... Lecteur DVD/BR fissa.
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