samedi 4 avril 2009

Watchmen a-t-il flingué les geeks ?


Hi, kids, Plissken here. Vous connaissez The Totally Rad Show ? Nan ? Bon, point grave cela n'est. Je vais t'expliquer, jeune Jedi.

Dans ce beau webcast culte de la web TV américaine Revision 3, l'excellent co-animateur Jeff Cannata commentait récemment en ces termes le film de Zack Snyder, qu'il adore : "We won". "On a gagné" (hé oui, les subtilités de la langue de William n'ont plus de secret pour John Plissken).

Le "on", c'était évidemment, vous, moi, nous, les geeks. Et nous avions gagné parce qu'en effet, Watchmen symbolisait la prise de pouvoir à Hollywood des fanboys. Zack Snyder en est un. Pur produit de la génération Star Wars perfusé à la comic book culture, il s'était battu bec et ongles pour imposer sa vision de ce que DEVAIT être une adaptation de Watchmen au cinéma

Grâce au succès de son précédent film, 300, les costards cavate de la Warner lui avaient laissé le champ pratiquement libre sur Watchmen, blockbuster à 150 millions de dollars dans lequel le sang gicle à gros bouillons, où les super héros sont soit fous à lier soit alcoolos en dépression et où l'un d'entre eux se ballade le zguègue à l'air un plan sur deux.

Le jackpot du sombre et réflexif Dark Knight avait certainement par ailleurs rassuré les executives de chez Warner sur la viabilité commerciale d'un film de super héros pour adultes. Et encore, Dark Knight était sorti aux USA sous le visa "PG 13" (int. aux moins de 13 ans non accompagnés d'un adulte). Watchmen, classé "R" (int. aux moins de 17 ans), allait encore plus loin dans l'absence de compromis et s'avérait totalement (trop ?) fidèle à l'oeuvre de Moore et Gibbons.

Voilà, on avait gagné, quoi. Qu'on aime ou pas Watchmen, il s'agissait en tout cas d'un film "de super héros" fait par un geek pour les geeks, pas pour les kids, et son succès attendu ouvrirait une nouvelle ère à Hollywood. Celle d'une liberté maximale pour les auteurs désireux de faire du cinéma de divertissement pour adultes, pas de sombres merdes tout public et sans cervelles type Daredevil, X Men 3, Spider Man 3, Ghostrider et une tripotée d'autres purges.

Le réveil est brutal.

Un mois pile poil après sa sortie américaine, Watchmen a péniblement franchi la barre des 100 M$ de recettes en salles aux Etats-Unis. The Dark Knight, en un seul week end, en avait rassemblé... 158 millions ! Bon ok, le film de Nolan était sorti dans 4300 salles sur le sol américain, contre 3600 pour Watchmen. Mais le compte, malgré tout, n'est pas bon. Not-one-bit...

Et en un mois, le "we won" se serait-il transformé en "we losed" ? Je m'interroge à juste titre because suite à la déception Watchmen au box office, les pontes de Warner tiendraient le discours suivant : les blockbusters classés R, basta ! Je n'aime pas Allo ciné, ces gros paresseux qui ne sont bons qu'à repomper de la news sur le web, mais bon comme ils le font bien, je vous renvoie à cet article revenant sur le bannissement du R chez Warner.




Désormais, même le raisonnement qui posait The Dark Knight comme une étape cruciale vers un cinéma de super héros adulte s'écroule à son tour : la débacle Watchmen amène les cadres de Warner à rétrospectivement considérer le dernier Batman comme la preuve qu'un film de super héros peut être à la fois sombre, exigeant... et classé PG 13.

Bref, terrible conclusion : chacun à leur façon, Christopher Nolan et Zack Snyder n'auraient-ils pas finalement hypotéqué involontairement l'essor de films de super héros, et plus largement de blockbusters, radicaux et classés R ? Va-t-on désormais devoir se fader des gros machins tout public, sans une goutte de sang ni un bout de nipple sous prétexte de la "plantade" (tout est relatif) Watchmen ?

Il y a fort à parier que Terminator Renaissance, distribué par Warner, sera ainsi hélas raboté en salle de montage pour obtenir la classification PG13 (hérésie ! Les Terminator movies ont toujours été classés R). Raaaah j'enrage !!!

Et d'une façon générale, même ailleurs, le climat semble être plutôt à mettre la pédale douce sur le Zola : Robert Downey Jr affirme lui même que le prochain Iron Man n'abordera finalement pas, comme il en était question, le thème de l'alcoolisme de Tony Stark (développé dans la BD en 1979 au cours du célébrissime arc narratif "Demon in a bottle", que les vieux lecteurs de Strange connaissent bien). Au fait, le tournage de Iron Man 2 commence ce lundi !


Alors ? Watchmen, malgré tout le respect que je dois à son intégrité artistique, ne nous aurait-il pas savonné la planche vers un cycle pénible d'édulcoration tous azimuts à Hollywood ? Un peu comme, toute proportion gardée bien sûr, l'effroyable gouffre financier de La Porte du paradis de Michael Cimino avait précipité, en 1980, la fin du Hollywood des cinéastes auteurs au profit d'un cinéma visant exclusivement le grand public et les teenagers gavés de Sprite ?

J'ai envie de dire : voilà un débat populaire et de qualité !

PS : à l'attention des fans de Scuds, on gamberge grave autour de Scuds et d'autres choses autour de Scuds pour mieux développer Scuds et un truc autour de Scuds.... et c'est super excitant ! (question : combien de fois le mot "scuds" a-t-il été prononcé au cours de ce PS ? Merci de poster vos réponses ici. Les trois premiers recevront un super cadeau à déterminer avec maître Moriçart, huissier. Attention y a un piège)

End of transmission...

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