Quel bonheur, quelle sensation de liberté que de se rendre un lundi après midi au cinéma pour se goinfrer de popcorn et dévorer Zombieland au Max Linder (celui de Paris hein, pas celui de Ribérac en Dordogne), les pieds négligemment vautrés sur le bord de la mezzanine quasi déserte.
Mais mis à part ce trip jouissif, que vaut donc ce film dont j'avais raté toutes les projections de presse et à propos duquel j'ai pu lire des critiques globalement positives ?
Hé bien les aminches je dirais.... que je savais pertinemment que je n'allais pas voir un chef d'oeuvre. Voire même que Zombieland était franchement inégal à en croire certains échos, mais malgré tout foutrement sympatoche. Au final, j'ai vu exactement le film que je m'attendais à voir, avec cependant une petite pointe de frustration par rapport au secret espoir d'être agréablement surpris. Ben vi, exactement comme lorsqu'on est persuadé de se prendre un rateau avec une bombasse en soirée, mais qu'on y va quand même parce qu'on ne sait jamais sur un malentendu... jusqu'à ce que la réalité du rateau vous fracasse le tarin.
Le miracle ne s'est donc pas produit avec Zombieland et le générique de fin confirme l'impression d'un film culte avorté pour cause de scénario paresseux. Et pourtant, j'ai de l'affection pour ce cousin yankee du britannique (et plus inventif) Shaun of the dead. Comment en effet ne pas éprouver une irrépressible sympathie pour un film qui démarre plein pot par l'un des génériques les plus extraordinairement jouissifs de cette année ? Dans cette toujours aussi sublime salle du Max Linder, entendre le colossal From whom the bell tolls de Metallica en Dolby DTS, tandis que sur l'écran panoramique géant défile un montage hilarant d'humains coursés au ralenti par des zombies hystéros, relève du nec plus ultra de l'expérience orgasmique geek ultime. Une quintessence rare de plaisir cinéphilique et musical. Un pur shot de bonheur brut dont l'effet immédiat sur votre serviteur fut de le faire headbanger et taper du pied tout seul dans son siège comme un psychopathe. Dommage que par la suite, le film ne retrouve que parcimonieusement la perfection et l'intensité de cette parenthèse de grâce bourrine au cours de ses 80 minutes à la fois trop courte mais aussi, hélas, parfois longuettes.
L'introduction nous plonge directement au coeur du chaos. L'apocalypse s'est déjà abattue sur le monde, transformé en "Zombieland" en quelques jours comme nous l'explique en voix off le jeune héros, Columbus (joué par Jesse Eisenberg). On apprendra plus tard que le virus de la vache folle n'est pas étranger à l'épidémie (portnawak mais osef). Je tombe alors sur un second motif de bienveillance : notre survivant frêle et pubère nous parle de sa vie d'avant, nous expliquant que c'est sa condition de "no life" qui lui a permis d'échapper aux macchabées en folie. Vie sociale réduite à boulottage de pizzas devant World of Warcraft + pas vraiment d'attache affective : rien de tel pour affronter efficacement une invasion de zombies ! On pourrait certes reprocher au film de tomber dans une énième caricature du geek mais, bizarrement, je l'ai ressenti au contraire comme une sorte d'hommage à notre culture. Colombus n'est pas un demeuré dont rit le réalisateur, c'est même plutôt l'inverse : il s'agit d'un garçon sensible, vif et attachant. Et comme tout bon geek maniaque, Columbus fait des listes, enfin une surtout : celle des règles impératives pour survivre dans Zombieland, qui reviendront en tant que leitmotiv comique tout au long de l'intrigue.
Rapidement, Columbus croise la route de Tallahassee (Woody Harrelson), cowboy solitaire particulièrement remonté contre les morts-vivants. Le duo rencontrera par la suite deux jeunes soeurs (Wichita et Little Rock) résolument antisociales et, après quelques bisbilles, la mauvaise troupe se dirigera soudée vers un parc d'attraction de Los Angeles dont la rumeur prétend qu'il est protégé des zombies.
Problème : toute la partie du film comprise entre le voyage vers la côte ouest et le final dans le parc souffre d'une très grosse baisse de rythme. Et lors de ce ventre mou enfle le sentiment d'un potentiel énorme malheureusement jamais exploité par les scénaristes et le réalisateur. Il se passe finalement assez peu de choses au cours du périple de Columbus et Tallahassee, le quota de "zombiekill" reste bien modeste et d'ailleurs, étrangement, aucune scène ne nous montre un plan vraiment effrayant de foule zombiesque massive. Les maccab' surgissent presque au compte goutte ou par grappes relativement chiches (le budget figurants a été bouffé par le cachet d'Harrelson ou bien ?).
La pauvreté du script, malgré ses fulgurances éparses, nous donne parfois l'impression de visionner un épisode pilote de série télé lambda (Zombieland fut d'ailleurs conçu à l'origine pour le petit écran) où certaines séquences sont plaquées ici et là pour faire gagner du temps à une intrigue aux enjeux assez plats. Passé le premier effet fun, toutes les scènes se déroulant dans la somptueuse villa d'une star hollywoodienne culte (et NON je ne spoilerai pas, même si le film est déjà sorti), ne dépassent que rarement le stade de la bonne idée.
Il faut vraiment attendre le climax dans le parc d'attraction pour qu'enfin la tension et l'excitation reprennent leurs droits, tandis que la mise en scène use adroitement du potentiel kinétique des grands huit et autres manèges à sensations fortes. En clair : ça charcle enfin un peu dans le dernier quart d'heure ! Une paresse générale à l'image du jeu de Woody Harrelson : il est évidemment impeccable en bouseux fine gâchette, mais sans jamais forcer son talent. Pas de réel moment d'anthologie, ni de scène absolument culte où la folie de son personnage serait poussée jusqu'au bout (j'ai tout de même bien ri à la séquence du banjo).
Pourquoi dés lors trouver sympathique Zombieland malgré toutes ces frustrations ? Parce qu'à titre personnel, je ne peux que décerner la médaille du larsen à un film qui me balance dans les oreilles Metallica, Van Halen ("Everybody wants some") et Blue Oyster Cult ("Don't fear the reaper") en cours de projection, sans oublier Ray Parker Jr, clin d'oeil vraiment bien vu aux geekos nostalgiques des années 80. L'ensemble, fun et sans prétention, se laisse regarder sans déplaisir et les intentions de l'entreprise sont éminemment estimables, à l'image de ce groupe de héros paumés qui finiront par former malgré eux une cellule familiale. Et puis les maquillages gores sont généreux plutôt bien exécutés. Et puis Emma Stone est carrément smoking hot. Et puis... ben je crois que j'ai fait le tour ! A vous de voir si c'est suffisant pour vous déplacer en salles. Ou finalement vous convaincre d'attendre la sortie en DVD pour une soirée popcorn avec les potos. Il parait qu'une suite est déjà à l'étude. Pourquoi pas mais faudrait un peu me muscler tout ça, les gars...
PS : restez tout de même jusqu'aux dernières gouttes du générique de fin. On y cause de Sartre. Si.
Bienvenue à Zombieland (Zombieland), de Ruben Fleischer. Actuellement en salles.
End of transmission...
Mais mis à part ce trip jouissif, que vaut donc ce film dont j'avais raté toutes les projections de presse et à propos duquel j'ai pu lire des critiques globalement positives ?
Hé bien les aminches je dirais.... que je savais pertinemment que je n'allais pas voir un chef d'oeuvre. Voire même que Zombieland était franchement inégal à en croire certains échos, mais malgré tout foutrement sympatoche. Au final, j'ai vu exactement le film que je m'attendais à voir, avec cependant une petite pointe de frustration par rapport au secret espoir d'être agréablement surpris. Ben vi, exactement comme lorsqu'on est persuadé de se prendre un rateau avec une bombasse en soirée, mais qu'on y va quand même parce qu'on ne sait jamais sur un malentendu... jusqu'à ce que la réalité du rateau vous fracasse le tarin.
Le miracle ne s'est donc pas produit avec Zombieland et le générique de fin confirme l'impression d'un film culte avorté pour cause de scénario paresseux. Et pourtant, j'ai de l'affection pour ce cousin yankee du britannique (et plus inventif) Shaun of the dead. Comment en effet ne pas éprouver une irrépressible sympathie pour un film qui démarre plein pot par l'un des génériques les plus extraordinairement jouissifs de cette année ? Dans cette toujours aussi sublime salle du Max Linder, entendre le colossal From whom the bell tolls de Metallica en Dolby DTS, tandis que sur l'écran panoramique géant défile un montage hilarant d'humains coursés au ralenti par des zombies hystéros, relève du nec plus ultra de l'expérience orgasmique geek ultime. Une quintessence rare de plaisir cinéphilique et musical. Un pur shot de bonheur brut dont l'effet immédiat sur votre serviteur fut de le faire headbanger et taper du pied tout seul dans son siège comme un psychopathe. Dommage que par la suite, le film ne retrouve que parcimonieusement la perfection et l'intensité de cette parenthèse de grâce bourrine au cours de ses 80 minutes à la fois trop courte mais aussi, hélas, parfois longuettes.
L'introduction nous plonge directement au coeur du chaos. L'apocalypse s'est déjà abattue sur le monde, transformé en "Zombieland" en quelques jours comme nous l'explique en voix off le jeune héros, Columbus (joué par Jesse Eisenberg). On apprendra plus tard que le virus de la vache folle n'est pas étranger à l'épidémie (portnawak mais osef). Je tombe alors sur un second motif de bienveillance : notre survivant frêle et pubère nous parle de sa vie d'avant, nous expliquant que c'est sa condition de "no life" qui lui a permis d'échapper aux macchabées en folie. Vie sociale réduite à boulottage de pizzas devant World of Warcraft + pas vraiment d'attache affective : rien de tel pour affronter efficacement une invasion de zombies ! On pourrait certes reprocher au film de tomber dans une énième caricature du geek mais, bizarrement, je l'ai ressenti au contraire comme une sorte d'hommage à notre culture. Colombus n'est pas un demeuré dont rit le réalisateur, c'est même plutôt l'inverse : il s'agit d'un garçon sensible, vif et attachant. Et comme tout bon geek maniaque, Columbus fait des listes, enfin une surtout : celle des règles impératives pour survivre dans Zombieland, qui reviendront en tant que leitmotiv comique tout au long de l'intrigue.
Rapidement, Columbus croise la route de Tallahassee (Woody Harrelson), cowboy solitaire particulièrement remonté contre les morts-vivants. Le duo rencontrera par la suite deux jeunes soeurs (Wichita et Little Rock) résolument antisociales et, après quelques bisbilles, la mauvaise troupe se dirigera soudée vers un parc d'attraction de Los Angeles dont la rumeur prétend qu'il est protégé des zombies.
Problème : toute la partie du film comprise entre le voyage vers la côte ouest et le final dans le parc souffre d'une très grosse baisse de rythme. Et lors de ce ventre mou enfle le sentiment d'un potentiel énorme malheureusement jamais exploité par les scénaristes et le réalisateur. Il se passe finalement assez peu de choses au cours du périple de Columbus et Tallahassee, le quota de "zombiekill" reste bien modeste et d'ailleurs, étrangement, aucune scène ne nous montre un plan vraiment effrayant de foule zombiesque massive. Les maccab' surgissent presque au compte goutte ou par grappes relativement chiches (le budget figurants a été bouffé par le cachet d'Harrelson ou bien ?).
La pauvreté du script, malgré ses fulgurances éparses, nous donne parfois l'impression de visionner un épisode pilote de série télé lambda (Zombieland fut d'ailleurs conçu à l'origine pour le petit écran) où certaines séquences sont plaquées ici et là pour faire gagner du temps à une intrigue aux enjeux assez plats. Passé le premier effet fun, toutes les scènes se déroulant dans la somptueuse villa d'une star hollywoodienne culte (et NON je ne spoilerai pas, même si le film est déjà sorti), ne dépassent que rarement le stade de la bonne idée.
Il faut vraiment attendre le climax dans le parc d'attraction pour qu'enfin la tension et l'excitation reprennent leurs droits, tandis que la mise en scène use adroitement du potentiel kinétique des grands huit et autres manèges à sensations fortes. En clair : ça charcle enfin un peu dans le dernier quart d'heure ! Une paresse générale à l'image du jeu de Woody Harrelson : il est évidemment impeccable en bouseux fine gâchette, mais sans jamais forcer son talent. Pas de réel moment d'anthologie, ni de scène absolument culte où la folie de son personnage serait poussée jusqu'au bout (j'ai tout de même bien ri à la séquence du banjo).
Pourquoi dés lors trouver sympathique Zombieland malgré toutes ces frustrations ? Parce qu'à titre personnel, je ne peux que décerner la médaille du larsen à un film qui me balance dans les oreilles Metallica, Van Halen ("Everybody wants some") et Blue Oyster Cult ("Don't fear the reaper") en cours de projection, sans oublier Ray Parker Jr, clin d'oeil vraiment bien vu aux geekos nostalgiques des années 80. L'ensemble, fun et sans prétention, se laisse regarder sans déplaisir et les intentions de l'entreprise sont éminemment estimables, à l'image de ce groupe de héros paumés qui finiront par former malgré eux une cellule familiale. Et puis les maquillages gores sont généreux plutôt bien exécutés. Et puis Emma Stone est carrément smoking hot. Et puis... ben je crois que j'ai fait le tour ! A vous de voir si c'est suffisant pour vous déplacer en salles. Ou finalement vous convaincre d'attendre la sortie en DVD pour une soirée popcorn avec les potos. Il parait qu'une suite est déjà à l'étude. Pourquoi pas mais faudrait un peu me muscler tout ça, les gars...
PS : restez tout de même jusqu'aux dernières gouttes du générique de fin. On y cause de Sartre. Si.
Bienvenue à Zombieland (Zombieland), de Ruben Fleischer. Actuellement en salles.
End of transmission...